Violette Nozière, ici incarnée par la jeune Isabelle Huppert, a ébranlé toute la France dans les années 30 de part son parricide qui a coûté la vie à son père.
Violette a deux visages, celui de la gentille petite fille à la maison et celle de la fulgurante jeune femme en dehors ce qui crée déjà un sentiment de manipulation et de bipolarité. Son rapport avec l'argent, les beaux vêtements et les bijoux luxueux est marqué dès le début du film, on entre dans le vif du sujet, comme pour ne pas perdre de temps. La reconstitution du personnage de Violette est également très réussie, le code vestimentaire est respecté ainsi que le Paris des années 30.
L'accent est porté sur les traits sombres de la personnalité de Violette : le mensonge, la manipulation et l'intelligence mal exploitée, des caractéristiques sûrement pas aussi prononcées chez la vraie Violette Nozière.
On découvre à la fois une Violette tendre avec ses parents qui n'hésite pas à les embrasser et à s'occuper d'eux, même si ces actes de bienveillance sont vite interrompus par ses sauts d'humeur qui reprennent le dessus. On peine à imaginer que Violette ait pu commettre cet acte car Isabelle Huppert sait conserver ce suspense planant grâce à son jeu d'actrice. Il est bien difficile de garder ce doute dans un scénario inspiré d'une histoire vraie car nous connaissons tous la fin de l'histoire, mais ici chaque détail nous fait penser qu'il y a encore un espoir qu'elle fasse marche arrière.
On nous montre l'image d'une famille soudée, tantôt conservatrice et traditionaliste, tantôt conciliante et évolutive, une famille qui tente de vivre normalement malgré les secrets étouffés.
On distingue une certaine tension entre son père et elle que l'on arrive pas vraiment à placer, on cerne également la détresse des parents qui n'ont plus le contrôle des actes et des pensées de leur fille. Le film ne s'intéresse pas à l'histoire ni antérieure ni postérieure de la vie de Violette mais aux moments charnières de sa réflexion sur l'acte qu'elle commettra.
Une âme torturée, une intelligence supérieure et des envies vénales lui valent une réputation peu enviable qu'elle surenchérit avec chacun de ses nombreux amants. Une femme-enfant avec un corps et une âme malades qui, malgré sa grande intelligence, réussit à se faire influencer par Jean Dabin, un homme qui lui ressemble et pour qui elle est prête à tout. Un regard blanc et froid qui n'inspire pas confiance et des sourires vicelards qui cachent quelque chose, son visage ne se relâche naturellement que lorsqu'elle est en présence de ce fameux Jean Dabin.
Cette période post-première guerre mondiale et celle de tous les excès et de tous les vices, surtout pour la génération de ces jeunes nés pendant la guerre, ce qui est propice au besoin d'indépendance et de liberté de Violette. Ces excès, Violette va les payer en attrapant la Syphilis qu'elle va mettre sur le dos de ses parents, maladie qui va devenir la source des problèmes familiaux...
Nous assistons donc à la dégringolade de ce personnage, brillamment joué par isabelle Huppert, qui réussit à l'écran à nous manipuler comme elle manipule toutes les personnes de son entourage, comme si nous faisions nous aussi partis de ce cercle parisien des années 30 qui se demande pourquoi et comment elle a pu en arriver là, même en ayant tous les faits antérieurs sous les yeux.