Reconstitution par Chabrol de l'affaire Violette Nozière, une gamine des années 1930 qui a empoisonné ses parents pour avoir l'argent de partir avec son amant. Pincée, et alors que sa mère a réussi à survivre, elle tente de faire croire que son père abusait d'elle.
Interprétation magistrale d'Isabelle Huppert, Stéphane Audran et Jean Carmet. La reconstitution des années 1930 passe assez bien, même s'il y a peu de moyens. Le film fait quelques allers-retours dans le temps, puisqu'on ne voit l'empoisonnement qu'après une ellipse dont je ne vois pas bien l'intérêt dramatique. Si le cadrage est toujours parfait, avec un goût prononcé pour les plans rapprochés suggérant l'étroitesse de l'appartement des parents, Chabrol ne cherche pas à peaufiner le montage (le seul vrai reproche qu'on pourrait lui faire). Du coup, on passe souvent d'une séquence à l'autre sans transition. Le son, aussi, n'est pas des plus soignés : je devais parfois tendre l'oreille pour suivre ce qui était dit.
Il reste qu'on a là Chabrol à son meilleur, peut-être même meilleur que son "Landru" pour le dynamisme du traitement. Le goût pour le macabre laisse ici la place à la description d'une âme incapable de partager, et occupée sans cesse à mentir pour arracher des petits bouts de ce qu'elle veut à une société bourgeoise ou petite-bourgeoise désespérante.