Basé sur un fait divers scandaleux qui enfiévra l'opinion publique de l'époque, Violette Nozière, le film ne tente pas d’élucider le mystère mais au contraire semble se complaire à ne lui donner aucune autre raison profonde qu'un ennui viscéral et chronique qui se change en haine sans raison apparente. Et c'est bien ce qui met mal à l'aise dans cette chronique plutôt froide d'une meurtrière without a cause. Certes, la cellule familiale dans laquelle évolue Violette suinte la médiocrité et le petitesse , à l'image de l'appartement qui l'abrite, mais si l'on devait occire tous les médiocres parents , il y aurait beaucoup d'orphelins ! Violette elle-même n'est pas une flèche ni une brillante révoltée, elle est même assez niaise dans son choix amoureux et totalement asservie à un gigolo de second ordre. Pourtant ce qui fascine et sans doute justifia l’intérêt des intellectuels pour cette criminelle atypique, c'est la dimension absurde (au sens Camusien du terme ) TUER POURQUOI PAS ? Sur la forme, Chabrol offre un casting sans faute et des images plastiquement glauques et deseperantes comme des tableaux allemands de la même époque. Le récit aurait sans doute gagné à être plus resserré car on se lasse assez vite du double jeu de Violette qui ne débouche sur aucune rupture visible. A ce titre, l'usage des flash backs pour les meurtres n'est pas ce qui facilite le plus la fluidité du récit. Néanmoins, dans ce climat politique ou l'on entend dans les discussions de café du début, des jeunes gens appeler de leurs vœux la venue au pouvoir d'un Mussolini ou d'un Hitler français..On comprend le souci de Chabrol de montrer le glissement des valeurs morales qui s'amorcent, c'est réussi et c'est glaçant.