Voilà, après le roman, parlons maintenant de l'adaptation du roman à la télévision par Pierre Cardinal en 1971 que j'ai vu beaucoup, beaucoup plus tard.
Je sais qu'il y a une version plus récente où le personnage de Folcoche est interprété par Catherine Frot. Qu'il faudra que je voie un jour ne serait-ce que parce que j'ai un peu de mal à imaginer cette actrice dans un tel rôle.
Non, jusqu'à maintenant, j'en suis toujours resté à la composition d'Alice Sapritch qui me semble parfaitement coller avec l'image qu'on en retire du roman.
Mais l'avantage d'un téléfilm, surtout à cette époque, c'est de coller au texte. On retrouve le livre peut-être pas dans son intégralité (difficile sur une petite heure et demie) mais au moins les passages les plus importants. Et c'est, pour moi, toujours, un réel plaisir de découvrir comment tel passage est "traduit".
J'adore, par exemple, le passage où les trois enfants dans une barque font tomber Folcoche à l'eau. On lit le passage dans le bouquin et on jouit en la voyant se dépatouiller dans l'eau et finir par sortir ruisselante.
Ou la négo entre Brasse-Bouillon et Folcoche après l'épisode du portefeuille qu'on pourrait intituler "la victoire". Superbement jouée. Avec Brasse-Bouillon s'essayant à appeler Folcoche , "maman" dont le spectateur sent presque physiquement les coups d'épingle dans la chair de Folcoche qui sursaute chaque fois …
D'ailleurs, le jeune comédien Dominique de Keuchel, 15 ans en 1971, est excellent dans le rôle de Brasse-Bouillon ; lorsqu'il tient le regard face à sa mère (la pistoletade dans le roman) et ne cale pas ; lorsqu'il reçoit les gifles "qui ne lui font plus mal".
Mais n'oublions pas le rôle du père, Jacques Rezeau, admirablement interprété par Marcel Cuvelier. Il joue bien le rôle du faible qui n'en mène pas large face à sa femme. La plus belle scène est celle de sa colère, une colère de faible, après une partie de chasse où il avait retrouvé un semblant de dignité devant des enfants médusés :
"Je dis que tu nous casses les oreilles", phrase pour laquelle, il devra, bien entendu, faire amende honorable ultérieurement à travers une nouvelle bassesse …
Ce téléfilm est encore un bon témoin de ce que la télé était capable de faire en termes de qualité du temps de l'ORTF.
On ressort de ce téléfilm, littéraire, convaincu de la prestation d'Alice Sapritch qui investit parfaitement le personnage de Folcoche …