Dans les années 70, Cecilia Lisbon, benjamine d'une fratrie de cinq filles, se suicide. Dès lors, la famille va vivre de plus en plus recluse sur elle-même, étouffée par des parents surprotecteurs, jusqu’à la tragédie ultime…
A 28 ans seulement, la benjamine du clan Coppola passe au long, après s’être fait la main sur un court-métrage. Elle adapte le roman homonyme de Jeffrey Eugenides et nous restitue une oeuvre particulièrement frappante, à la fois solaire, troublante, voire déstabilisante.
Le film nous renvoie au milieu des 70’s, dans le Michigan. Les Lisbon forment une famille catholique bien sous tous rapports, du moins en apparence car dès l’on passe le pas de leur porte, on y découvre une fratrie ultra-conservatrice, coincée dans ses carcans et sa bien-pensance. Les parents rigoristes élèvent leurs cinq filles d’une main de fer et ne leur laissent que peu de liberté et par conséquent, peu de place pour s’émouvoir (se faire des amis ou rencontrer des garçons, comme le ferait n’importe quel ado de leur âge). Cette vie sous les verrous, ils ne le savent pas encore, mais les parents vont s’en mordre les doigts et vont défrayer la chronique.
Techniquement et visuellement bluffant, le premier long-métrage de Sofia Coppola (Marie-Antoinette - 2006) impose le respect (pouvait-il seulement en être autrement lorsque son père n’est autre que Francis Ford Coppola ?). Virgin Suicides (2000) nous subjugue d’entrée de jeu et ne lâchera jamais la pression jusqu’au générique final. Rarement un teen-movie, qui plus est, un drame social aura aussi bien montré les premiers émois amoureux d’un groupe d’adolescents. A travers un enchaînement de flash-backs, on remonte le fil du temps, avec l’aide d’un narrateur, pour tenter de percer le mystère et d’essayer de comprendre comment cinq belles et jeunes filles ont pu en arriver là.
D’une beauté plastique formelle, et superbement accompagné par d’excellents comédiens (au premier rang desquels on citera bien évidemment Kirsten Dunst, aux côtés de James Woods & Kathleen Turner), le tout, magnifié par la somptueuse et mélodieuse B.O composée par le groupe français Air.
(critique rédigée en 2008, actualisée en 2025)
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