La curiosité, c'est important. C'est ce qui permet de tomber de temps à autre sur des films oubliés ou méconnus, à l'instar de ce fascinant Virus. Oeuvre fleuve de 2h30, d'un pessimisme délirant, elle nous invite à assister à la disparition de l'espèce humaine, et à la survie de quelques individus. Pour soutenir le projet, un impressionnant casting d'acteurs japonais, de seconds couteaux, et de gueules de série B. Malheureusement, nous touchons déjà un des nombreux problèmes de ce long-métrage. Le réalisateur est japonais, ce qui n'est pas une tare en soi, mais l'histoire du cinéma nous a prouvé qu'il était difficile de diriger des interprètes dans une langue qui n'est pas la sienne ; or, en raison d'un louable effort de crédibilité, la plupart des scènes ont été tournées en Anglais, et nous sentons cruellement que le réalisateur peine à tirer le meilleur de ses personnages dans ces conditions. Ainsi, un Henry Silva en méforme nous livre une prestation des plus bancales.
Cela résume hélas! bien Virus. Le sujet est passionnant. Son traitement souvent brillant, malgré quelques raccourcis. Il regorge d'idées mémorables, tombe rarement dans les pièges qui lui sont tendus, et se montre suffisamment malin pour ne pas souligner chacune de ses trouvailles, afin de laisser au spectateur le soin de les apprécier. Mais il s'agit aussi d'une production bancale, bourrée de fautes de goût, et souffrant même de quelques scènes ridicules à force de vouloir forcer sur le drame ou la symbolique ; c'est particulièrement vrai pour les passages consacrés aux protagonistes japonais. Le réalisateur nous prouve par là manquer d'inspiration, voire de maitrise. Pourtant, il ne serait pas exagéré de prétendre que le sujet lui-même transcende ses défauts. Le film va très loin dans son concept de départ, le traite sur fond de Guerre Froide avec un fatalisme dérangeant, et cela suffit à donner vie à une oeuvre coup de poing, absolument mémorable.