Entrée fracassante dans le paysage cinématographique des années 60-70 pour Pierre Clémenti, connu principalement en tant qu'acteur ( notamment pour sa physionomie christique magnifiquement exploitée par Philippe Garrel ou encore Pier Paolo Pasolini ) et désormais cinéaste rejetant toute forme de compromis artistique.
Première réalisation du jeune homme Visa de censure n°X n'est rien de moins qu'une performance sensorielle totalement immersive et hypnotique, sorte de maelström psychédélique échappant complètement au temps qui passe ; le film a ceci d'éternel qu'il défie toute notion d'espace et de temporalité clairement repérables : bien que les valeurs sociétales des seventies soient rapidement identifiables ledit happening réfute toute contextualisation et toute délimitation morale.
Au gré de visions abrasives et joliment haptiques Pierre Clémenti s'amuse avec les icônes de son temps, s'inscrivant dans les formes expérimentales du cinéma de Kenneth Anger ( l'érotisation rebelle du magnifique Scorpio Rising vient rapidement à l'esprit au regard de Visa de censure n°X ) sans pour autant mettre de côté sa personnalité propre. Inclassable, hallucinatoire et stroboscopique cette première réalisation libertaire et savamment soixante-huitarde joue sur les codes moraux de la caste conservatrice contemporaine : religion tournée en dérision mais aux rituels astucieusement vampirisés par Clémenti, charge antimilitariste et mode de vie alternatif proche d'un mysticisme païen...
L'Oeuvre est fulgurante, assez géniale dans son développement et d'une efficacité visuelle et musicale implacable. Entre couleurs saturées, iris sanguines et diablement aqueuses et surimpressions sidérantes Visa de Censure n°X est une pièce maîtresse atypique du cinéma de Pierre Clémenti. A voir et/ou revoir impérativement...