Dépourvu d'intérêt

J’ai profondément été déçu par le dernier film de Yann Gozlan car j’avais beaucoup apprécié son précédent long-métrage « Boite Noire » .

Durant tout le visionnage de Vision j’ai eu l’impression que Gozlan voulait donner à son film des airs « grand thrillers/ blockbusters à l’américaine » notamment par le biais de la mise en scène en multipliant les plans larges et aériens mariant cela à des couleurs ternes et froides et à un jeu d’ombre et lumières qui est plutôt réussi. Au vu du résultat finale cela paraît limite prétentieux de s'essayer à ce genre de mise en scène quand tout le reste du film est aussi pauvre. En effet le problème du film n’est pas qu’il est raté sur le plan technique, on a certains plans assez beaux et quelques idées de mises en scènes intéressantes (notamment ce jeu avec les miroirs de la salle de bain) mais sur le plan narratif.

Dès le début Gozlan essaye d’imprégner son spectateur d’une tension permanente et nous assaille avec sa musique d’ambiance omniprésente même sur des scènes « banal » ce qui rend la tension artificielle et la musique inefficace sur de potentielles véritables scènes de tensions.

Bien que quatre scénaristes aient travaillé sur le film (dont Gozlan lui-même) celui-ci est extrêmement mal écrit et n’a jamais vraiment l’air de démarrer. Les mêmes scènes se répètent en boucle par exemple plutôt que de filmer d’autres aspects de la vie d’Estelle (Diane Kruger), Gozlan préfère filmer plusieurs fois les mêmes scènes de la même manière (son train-train quotidien, Les scènes où elle repère les motards en allant chez son amante ...) ce qui n’apporte strictement rien au film narrativement comme esthétiquement.

Je n’ai pas une vision utilitariste du cinéma (tout plan n’a pas besoin de servir à l’intrigue) mais Gozlan aurait pu au moins varier ce qu’il filme ou au moins le filmer différemment. Sa mise en scène s’essouffle donc très rapidement malgré une indéniable réussite technique.

Tous les personnages sont des « fonctions » (la femme, l’homme, l’amante …) ils n’ont aucune personnalité, jamais on ne ressentira une alchimie ou un conflit entre eux. De ce fait chaque scène entre Estelle et Anna (Marta Nieto) sonne très faux. Par ailleurs Nieto surjoue à chacune de ses scènes et alterne les phrases en français et espagnol de manière aléatoire ce qui devient vite insupportable. Le film manque cruellement de subtilité, certains éléments sont mis en avant de manière peu fine et deviennent grotesques. (les différentes séquences rêves/réveils, les multiples gros plans sur les yeux des personnages …). Là aussi Gozlan se répète en plus d'abuser de poncifs déjà vu en beaucoup mieux intégrés dans de meilleurs films.

Bref on s’ennuie pendant 2h devant Vision si bien que le prévisible twist arrive un peu à nous faire redresser de notre siège.