« Notre poitrine la plus menue peut nourrir la moitié de l'Ukraine », une femme de maire.
« L'employeur martyrise l'homme. L'homme martyrise sa femme. La femme fout une gifle au gosse. Le gosse donne un coup d'pied dans l'chien ». Tout part de là, c'est le point de départ. Un brin trop provoc', largement axé sur la dérision, le film de Miike fait figure d'alter-ego bouffon de Hostel, le charcutage gratuit à outrance en réduction. Si le contenu outrancier décontenance et peine à légitimer l'essai, il faut y voir toute la dérision désabusée sur une société nippone en péril où les repères moraux restent de valeur en façade, mais se dérobent en privé.
Pour le démontrer, une caméra amateur façon porno cheap décore le parterre et anime les hostilités. Je ne ferai pas cas de la perche son qui illumine l'écran de toute sa moumoute sur plusieurs plans, ni sur le caractère souvent brouillon et punky des raccords. J'en fais pas cas, ce n'est pas le but, car on pardonne tout à cette esthétique négligée de premier film qui insuffle de la « fraicheur » comme dirait le quidam œnologue tout épaté.
Foutre un coup sur la tête, réveiller les consciences. En incluant le prophète à moustache et touffe Afro-asiat', on cogne sur le spectateur pour lui rappeler au bon souvenir du travail d'orfèvre bien filé. Un peu du réalisateur de film, universel, dans un personnage qui dispense la folie pour retrouver le bonheur perdu. J'en veux bien, moi, de la bêtise abracadabrantesque. Surtout quand ça passe par les gimmicks scatophiles et sexuels les plus éculés. De l'eau tiède sous un pont rouge, pour le « milk-shake » tout frais sorti du pis, Kill Bill pour les intimes de la connexion nécrologique. C'est un peu de cette canaillerie juvénile toute ricaine qui jaillit de la boustifaille Miike, toute en digression, en laisser-aller et en joie de cracher sur les moeurs.
Dégoûté, amer, révolté, puis amusé, diverti, et réjoui. Je le garde, j'en reprends, je n'oublie pas.