Le plein du vide.

Qu'est ce que n'oserait pas faire un bon réalisateur, mais que Godfrey Reggio se permet allègrement grâce à l'approche contemplative ? Il divise par 2 la vitesse pour faire passer son film de 45 minutes à 125 minutes. Le procédé est tellement voyant, tellement criard, tellement crispant qu'on ne peut finalement qu'être de bonne foi en mettant moins de la moyenne, tant ce retour aux affaires hurle son impréparation et surtout son absence d'originalité. Rien de ce que montre Visitors n'a déjà été vu ailleurs, et la prétendue réflexion sur l'homme et la technologie est assez vite dissipée tellement les ralentis étirés ou bizarrement esthétisés révèlent leur absence de lien autre que purement esthétique. Visitors est un exercice de style dans ce qu'il a de plus creux et vain, et pourrait passer pour un simple essai de technicien image si le temps ne s'étendait pas aussi démesurément. La technique du noir et blanc le sauve toutefois de la misère, le travail étant ici irréprochable, et parfois empreint d'une réelle poésie, bien soutenue par la musique de Philip Glass. Bref, après le fiasco de Naqoyqatsi (plus proche de la playlist youtube random que du brûlot sociétal visé), Reggio revient prématurément avec un travail bâclé. Triste.