Emilio Zapata, envoyé en délégation devant Porfirio Diaz avec d'autres peones qui se sont vus dépossédés de leur terre, se fait remarquer : son nom est entouré, comme celui d'un meneur. Les événements le poussent à tuer des guardians à la solde des riches et à prendre le maquis. Un homme envoyé par Madero, qui veut instaurer la démocratie, essaie de pousser le rebelle à se fédérer. Zapata ne sait pas lire, n'a pas de conscience politique, la démocratie est pour lui un concept étranger, mais sous sa carapace rude, il a le sens de l'intégrité.
Lorsqu'il parvient à mettre en fuite Porfirio Diaz, Madero arrive au pouvoir et tente de persuader Zapata que pour que l'ordre règne, il baisse les armes. Zapata refuse, et fait bien, car le général Huerta fait de Madero son prisonnier et le tue. Zapata fait front commun avec Pancho Villa, et fait son affaire à Huerta. Arrivé au pouvoir, il se retrouve obligé de tuer son frère, qui a accaparé les terres de certains paysans. Ecoeuré, Zapata redevient simple particulier. Le nouveau pouvoir en place décide de le faire assassiner. Contre l'avis de sa compagne, il va chercher des munitions et tombe dans un guet-apens. Mais désormais, le peuple mexicain a mûri. "Un peuple fort n'a pas besoin d'hommes forts".
C'est un film sur la révolution involontairement ambigu. Regardé avec un point de vue américain, il pourrait facilement faire de Zapata une icône du deuxième amendement (soyez prêts à prendre les armes si ce maudit Etat central vous exploite). Evidemment, c'est peu probable que telle ait été l'intention de Steinbeck, auteur du scénario mais le personnage qui incarne la raison d'Etat froide, par opposition à Zapata, qui est un homme de chair et de sang, a quelque chose d'un peu trop manichéen, d'un peu trop faustien, qui me met mal à l'aise. Idem, Madero est montré comme un personnage mou (au moins 3 personnes disent qu'il est une "mouse", quand Zapata est un "tiger").
Le scénario restitue fidèlement, en raccourci, les bouleversements politiques de l'époque. Par contre le film alterne des scènes de révolution (parfois seulement traitées sous forme d'ellipses) avec des scènes où Zapata courtise Jean Peters. ça me rappelait un peu la structure d'un porno sur Cléopâtre dont j'ai oublié le nom, mais ça trouve son sens avec la fin. Je trouve le personnage de Jean Peters un peu bâclé. D'une beauté à couper le souffle, elle reste à l'écran une star hollywoodienne qui joue une mexicaine (notamment ce plan où elle joue avec un chiot, pas bien naturel). C'est l'époque qui veut ça, je sais. Mais c'est ce qui a le moins bien vieilli, ce côté "romance années 50".
Car ce qui sauve tout le film, c'est à la fois ce traitement qui fait de Zapata un être humain, parfois lent à réaliser des choses que nous, spectateurs, nous comprenons d'entrée de jeu, mais surtout cette morale finale, qui paraphrase le Gallileo Gallilei de Brecht.
Le noir et blanc est beau. J'aime beaucoup la scène où Zapata est arrêté. Son frère tape en rythme sur deux pierres, et tous ses partisans présents aux alentours reprennent le rythme tandis qu'une cohorte de soldats à cheval l'emmènent. Ils sont peu à peu entourés de peones qui sortent de partout. Joli raccourci sur ce que peut un peuple uni.
C'est un film sur la révolution original, car il arrive à lier une reconstitution fidèle à une réflexion en forme d'essai sur le pouvoir qui corrompt. La conclusion est bien, mais il y a un je-ne-sais-quoi d'inabouti.