L'université était un bon terrain pour le burlesque et Harold Lloyd l'a compris mais en la tournant dans un angle un peu dramatique et profond et pas simplement une successions de gags.
Le jeune Harold (son personnage) se rêve à être l'étudiant le plus populaire de son université et pour cela, il va prendre les gimmicks d'un personnage de film d'étudiant qu'il adore, ce qui semble fonctionner, sauf qu'en vérité : tout le monde se fiche de lui dans son dos. Il n'est pas l'étudiant le plus apprécié mais le plus moqué. Et lorsqu'on lui fait s'en rendre compte : il n'a plus qu'une chose à faire, comme lui conseille son amoureuse : être lui-même, même si ça ne fera pas de lui l'étudiant le plus apprécié, mais Harold a encore des illusions : qui sait avec un match de foot ?
Le film se découpe en différentes parties comme autant de chances d'Harold de devenir populaire.
Les gags sont plus discrets et rares qu'à l'habitude chez Lloyd - quasi tous concentrés dans le morceau de bravoure de la fête d'automne où il montre toute la matière comique qu'on peut tirer d'un costume à peine cousu, c'est millimétré, d'une imagination de chaque instant et passant aussi par le visage d'Harold, toujours un peu en décalé en rapport avec ce qui vient de se dérouler - mais le fond est dramatique et c'est justement après la fête d'automne que le film devient plus sombre.
Et que l'on comprend l'angle qu'à choisit Lloyd : il montre le mal-être d'un jeune homme, désirant s'intégrer, plaire à tous, quitte à perdre son identité, ne pas être lui-même. Presque cent ans après, c'est toujours aussi pertinent. Partout dans le monde, dans le système scolaire, moi ou vous peut-être, avons chercher un jour à être populaire et qu'avions nous du sacrifier pour cela ? Ce que nous sommes et est ce que ça valait vraiment le coup ? Lloyd, éternel optimiste, acteur remarquable aussi bien comique que dramatique, laisse exprimer la rage de son personnage, lui laisse réaliser son rêve. C'est peut être une bonne chance de se battre pour cela.