Voici un film que j’ai vu il y a déjà quelques mois déjà, depuis j’y repense à chaque fois que je croise son affiche, son titre, son réalisateur (le tout sur internet bien sur), un asiatique, un drapeau nippon, une balançoire et tout ce qui touche de près ou de loin au film. A chaque remémorisation d’un instant du film je suis parcouru d’un étrange frisson, comme si la neige si présentement belle dans cet opus Kurosawaien me tombait dans le cou, alors que c’est seulement le souvenir ému d’avoir assisté à un héroïque moment de cinéma.
Bon de quoi ça parle Vivre ? C’est un vieux fonctionnaire (assez haut placé) rabougris qui apprend qu’il va bientôt y passer, alors qu’il se laissait presque mourir cette nouvelle le change mais personne autour de lui ne le sait.
Il faudrait que j’écrive mille paragraphes pour capter un dixième de la richesse de ce film mais je n’ai pas ce courage donc je vais être bref. Vivre est formidable pour son acteur principal, qui hante le cadre tel un fantôme destiné à mourir, toujours plus pudique et discret, sa moue et son regard las transperce mon cœur à chaque seconde. Vivre est aussi formidable pour le regard de Kurosawa qui dénonce ouvertement l’immobilisme parfois volontaire des ministères nippons, leurs réticence aux changements; D’ailleurs il y a quelques temps j’étais en voiture et j’entends aux infos que l’une des raisons qui bloque la « reconstruction» aux Japon c’est la lenteur de leur institutions à ce moment j’ai eu une pensée Kurosawa, qui d’où il est, doit se morfondre. Pourtant à aucun moment Kurosawa n’assène de discours misanthrope, il ne fait que poser la question du choix de vie, prendre le risque d’aller contre ce que l’on attend de vous dans une société autant attaché à l’honneur et au paraître, cela demande du courage et lorsqu’un homme y parvient c’est le genre humain qui en sort vainqueur. Vivre est encore formidable pour son esthétisme, Kurosawa sait cadrer, ses collaborateurs savent éclairer… Ici le brio technique dans son plus simple appareil détint dans mes yeux, je ne vois plus que des nuances, infimes et paroxystiques.
Mais Vivre c’est aussi un merveilleux film sur la transmission, entre les hommes forcement, un vieux, une jeune, deux vieux, un ami, etc. Une scène d’apprentissage de la vie c’est souvent lourd, mais quand c’est montrer avec la délicatesse d’un papillon alors ça devient beau, juste beau.
Je suis au bout de mon courage, je vais juste vous dire que c’est le plus film beau que vous n’avez jamais vu, qu’il faut donc le voir, pour qu’il devienne le plus beau film que vous avez vu.
Ps : Le voir avec des mouchoirs de préférence, car celui qui résiste au vieil homme sur la balançoire est perdu.