Le scénario a été écrit par Kasuo ISHIGURO, 68 ans, britannique d’origine japonaise et prix Nobel de littérature en 2017. C’est l’adaptation du film « Ikuru » (« Vivre ») (1952) d’Akira Kurosawa (1910-1998), lui-même adapté de la nouvelle de Léon TOLSTOÏ (1828-1910), « La mort d’Ivan Ilitch » (1886). A partir d’un synopsis assez minimaliste, à savoir, comment un petit fonctionnaire de la mairie de Londres, M. Williams (Bill NIGHY, 73 ans), veuf et chez qui vivent son fils, pleutre, et sa femme, en 1953 (les locomotives marchent à la vapeur !), va occuper les 6 mois qui lui restent à vivre après le diagnostic d’un cancer de l’estomac. Après le constat d’une vie monotone (enfant, il rêvait d’être gentleman) et renonçant à s’étourdir dans les bars et boites de nuit (où il interprète un chant traditionnel écossais, « Rowan tree »), en compagnie d’un artiste (Tom BURKE), il décide, de retour au travail, après avoir déjeuné, être allé au cinéma [voir Cary Grant dans « Allez coucher ailleurs » (« I was a male war bride ») (1949) d’Howard Hawks] et discuté avec son ancienne collègue, Mlle Harris (Aimée Lou WOOD), pleine d’appétit pour la vie (elle le surnomme Le Zombie), d’aider un groupe de femmes qui se heurtent à la bureaucratie (une pile haute de dossiers sur un bureau est signe d’une grande occupation) toute-puissante par son immobilisme, à faire avancer leur projet de parc de jeux pour enfants. Le réalisateur, dans la lignée des mélodrames de Douglas Sirk (1897-1987) mais aussi de Frank Capra (1897-1991), reste fidèle à l’original, transposant l’action principale au County Hall de Londres, tout en y apportant sa touche, sans emphase, ni pathos : introduction de l’histoire via un nouvel arrivant au service de M. Williams, montage non chronologique, belle reconstitution des bureaux, bel éclairage des intérieurs [due à Jamie RAMSAY, compatriote du réalisateur et qui a participé à « District 9 » (2009) de Neill Blomkamp] et interprétation remarquable et émouvante de Bill Nighy, tout en intériorité.