Vivre a la malchance d'être réalisé 2 ans après et 2 ans avant 2 chefs d'œuvre de Kurosawa : Rashomon et Les Sept Samouraïs. Porté par l'un des 2 acteurs fétiches de Kurosawa, Takashi Shimura, le film raconte la recherche de sens par un vieux fonctionnaire, surnommé la "momie" par son équipe, qui sait qu'il va mourir prochainement. Le film est en 2 parties, assez inégales. La première est la déambulation d'un homme en proie à une sombre dépression. Si certaines scènes sont poignantes, des longueurs coupables doublées d'un pathos écrasant rendent cette partie décevante. Vivre se rattrape surtout dans sa 2e partie, centrée sur la réalisation de l'objectif que cet homme se fixe. Se mêlent alors des réflexions sur le sens du travail, la reconnaissance, l'abnégation, la famille, la bureaucratie et la politique, que des thèmes chers à Kurosawa. Le ton du film change aussi, avec une narration moins linéaire, des airs de film noir, et la scène la plus émouvante du film, un chant funeste sur une balançoire la nuit sous la neige. Vivre est, malgré son grand âge, un des films des années 1950 les plus actuels.