" La peur et la beauté sont incompatibles"

Vivre dans la peur a été réalisé un an seulement après Les Sept Samouraï et son immense succès qui vaut désormais à Kurosawa une renommée mondiale plus importante encore que celle procurée par Rashomon. Nous sommes en 1955 et nous retrouvons notre trio infernal pour ce qu'on espère être un nouveau bijou.

Nous revoilà donc en période d'après guerre, 10 ans se sont écoulés depuis (oui j'aime vous apprendre des choses ) et Tokyo commence à reprendre des couleurs. Cependant Kiichi Nakajima riche entrepreneur, est terrorisé à l'idée d'une nouvelle attaque nucléaire. Il décide donc de vendre tous ses biens, son usine compris pour tenter l'aventure au Brésil là selon lui il n'y aura pas de risque de radiation. Sa famille cependant n'est pas du tout d'accord avec cette idée qu'elle juge saugrenue et attente un procès pour bloquer la fortune de notre patriarche. Un médiateur sera alors convoqué pour aider à trancher sur cette lutte qui s'engage, durant laquelle il faudra décider si Nakajima est en pleine possession de ses moyens ou s'il doit être stoppé...

Ce qui est intéressant ici, c'est que lorsque j'ai lu le synopsis de départ, j'étais persuadé que les rôles étaient inversés, à savoir Shimura pour le patriarche paranoïaque et Mifune pour le médiateur intègre. En réalité, on retrouve notre acteur fétiche, vieilli, et brimé dans un rôle à contre courant qu'il endosse avec brio. Remarquablement réalisé au début du moins, on y découvre un Tokyo vivant, une façon audacieuse d'introduire le médiateur, et une tension palpable lors confrontation familiale chez le juge.

Malheureusement cette fois ci, le film ne tient pas ses promesses, et la suite ne réserve que de mauvaises surprises, le problème n'est traité qu'en surface, on ne ressent pas l'empathie pour le héros qui devrait naitre, la faute à l'écriture. Quant à la famille, chacun de ses membres est particulièrement antipathique, égoïste et ne sera pas développé davantage. Le rythme ralentit, souffre de nombreuses longueurs et finit par devenir pesant.

Au final, «Vivre dans la peur» est une grosse déception, manque d'ambition ou simple raté ? Kurosawa se perd ici dans un sujet peut être encore trop frais, pour être traité avec le recul et la pudeur dont il fait preuve habituellement.
En découle un film trop moralisateur qui sombre dans une mauvaise allégorie, sauvé uniquement par la prestation de Mifune et de quelques plans savoureux.
Kobayashhi
5
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Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Akira Kurosawa le génie du cinéma Japonais ! et Toshiro Mifune-Sama !

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le 23 août 2013

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