J’aime Graham Greene. Edward Dmytrik nous livre une brillante et fidèle adaptation de son roman La fin d’une liaison (le titre français est d’une affligeante stupidité).
Il nous projette en 1944, dans un Londres soumis aux attaques des premières V1. Les longues guerres distendent les liens conjugaux et estompent le poids des conventions. Sarah (Deborah Kerr), une belle femme mariée délaissée par un brillant mais terne haut fonctionnaire (Peter Cushing), se laisse séduire par Bendrix, un écrivain à succès (Van Johnson). L’histoire pourrait n’être qu’une énième variation sur l’adultère, si Graham Greene ne faisait intervenir le Créateur.
À la vue de son amant gisant, manifestement sans vie, l’agnostique Sarah supplie Dieu de lui accorder la vie, s’engageant à ne plus revoir. Tarkovski reprendra le thème du serment dans le somptueux Sacrifice. Quelle est la valeur d’un tel engagement ? Fiévreusement, mais résolument, elle interroge un maître penseur, puis un prêtre catholique. Le premier hait Dieu de toutes ses forces, mais n’est-ce pas le signe qu’il existe ? Est-il pour autant haïssable ? Elle se surprend à l’aimer et à trouver la paix.
PS Graham Green excelle dans la peinture de ses seconds rôles : un extraordinaire, misérable et attachant détective, un mari trompé aveugle mais digne, une mère abusive...
Merci à Tonto.