Un groupe de quatre personnes, trois hommes et une femme, passent du vol de voitures au projet de braquer une banque. Ils rejettent la société post-Franco, et veulent vivre comme bon leur semble.
Ours d'or au Festival de Berlin à son époque, Vivre vite est un film de son temps, qui montre Madrid comme déchirée entre la fin du franquisme et l'arrivée de la démocratie et au milieu ces jeunes qui n'ont pas de repères. Dans le cas de cette bande, cela commence par une très bonne scène de vol de voiture qui s'éternise, et on voit bien qu'ils n'arrivent pas à la faire démarrer avec les fils et n'ont comme seule arme qu'un pistolet pour tenir en respect le propriétaire ainsi que ceux qui veulent l'aider à les déloger de l'habitacle.
Le film se veut politique, où l'on voit bien que la situation du pays n'est pas au mieux, mais avec aussi d'excellentes trouvailles comme ce train qu'on voit plusieurs fois depuis l'appartement de deux des personnes en couple ; l'avenir est ailleurs, et ici ne subsiste que le désespoir. Celui de voler, de braquer, afin d'exister.
Tous les acteurs et actrices du film sont des non-professionnels, habitant à Madrid à ce moment-là, et ils sont tous criants de vérité, car certains d'entre eux étaient vraiment des voyous. Cela donne un sentiment de véracité qui se trouve aussi dans la mise en scène, avec beaucoup de caméra sur l'épaule, comme là aussi pour saisir l'urgence. Les moments d'action y sont d'ailleurs très réussis.
Vivre vite est bien différent d'un des seuls films de Carlos Saura que je connaisse, à savoir Cria Cuervos, mais c'est également en filigrane le portrait d'une (certaine) jeunesse espagnole qui se cherche, qui est perdue, au point de tremper dans ce qu'il y a de plus horrible. Et ça donne quelque chose de formidable, pas aimable en soi, mais de fort.