Voyez comme on peut se fourvoyer.
J'avais décidé de voir "Vixen" pour des raisons cinématographiques et sociologiques. Les sixties, le cinéma foutraque de l'époque, tout ça tout ça.
Et, oh mon dieu ! Je tombe sur ce qui semble être dans ses premiers instants un film à lourde tendance érotique.
N'étant pas un gros cochon comme la plupart de ceux qui partage mon genre (mâle), ma première réaction est de détourner le plus rapidement possible les yeux de cette œuvre impie.
Fort heureusement, ma conscience d'esthète reprend le dessus, je prend mon courage à deux mains (ce qui m'en laisse aucune pour faire autre chose) et poursuit la séance jusqu'à son terme.
Grand bien m'a pris, puisqu'il s'agit finalement d'une brûlot politique contestataire assez bien déguisé, servis par des dialogues finement ciselés et d'un jeu d'acteur époustouflant.
Guerre et conscription, racisme, argent et sexualité, tous ces thèmes sont brassés sans avoir l'air d'y toucher (contrairement à ses protagonistes), et y a pas à tortiller (contrairement à son héroïne), les films érotiques sixties n'ont aucun rapport avec ceux qui se feront après: la sexualité (et le plaisir des sens) est une des composantes intrinsèques de l'époque et de son discours libertaire, discours véhiculé par tous ces films que nous aimons tant (enfin moi, en tout cas).
Enfin, comment ne pas terminer ces quelques considérations sans mentionner explicitement Erica Gavin, qui irradie la pellicule ?
Bien avant la systématisation de la forte poitrine qui sera sa marque de fabrique, Russ Meyer donne le rôle principal de ce premier (et seul vrai ?) Vixen de la série, à ce condensé d'érotisme brûlant faîte femme. Laissons, pour conclure, Russ parler lui-même d'Erica:
"Cette voluptueuse jeune femme très obsédée, dégageait une sensualité très luxurieuse qui éclipsait toutes les autres... Le décathlon de la domination... Le canon puissant de la chair... La jeune pourvoyeuse de protubérances provocatrices... Erica Galvin était tout cela."
Je crois que, venant d'un tel expert, cette citation vaut tous les discours.
En plus, j'aime le Canada.
Je reviens, il faut que je vérifie la portée sociologique et politiques des autres opus de la série.
(par contre, à un moment, pour allumer un homme, Vixen se caresse langoureusement le corps à l'aide d'un poisson. Je suis pas sûr qu'il s'agisse, pour la suite de la soirée, d'une bonne idée...)