"Viy", parfois écrit "Vij", est souvent présenté comme le premier film d'horreur produit sous l'Union soviétique, adapté d'un conte de Nicolas Gogol portant le nom d'une entité maléfique qui... Mais... Que... Mais quelle est cette chose totalement foutraque, flanquée d'une introduction doucement naïve, narrant les élucubrations d'un séminariste porté sur la boisson qui fait la rencontre d'une vieille sorcière toute moche (moche durant un certain temps, en tous cas) ? Comment se fait-il que d'une histoire flirtant dangereusement avec la série B bucolique, tantôt douce, tantôt gouailleuse, on passe aussi subitement à un récit fantastique complètement déjanté ? On nage en plein délire, et de manière assez surprenante, on en redemande. Et on surnote éhontément...
Le récit semble tout entier dirigé vers sa dernière partie et les trois nuits que le jeune séminariste doit passer en compagnie d'une jeune fille récemment morte, afin de réciter les prières adéquates. Chaque nuit passée à ses côtés se remplit d'événements de plus en plus ubuesques, à l'intensité et la folie grandissantes. Et si on rit quand le grand méchant arrive, le fameux "Viy" du titre, entité démoniaque toute moche et bien dodue (son "soulevez-moi les paupières !", car il ne voit rien, est quand même magistral), la partie qui précède distille quant à elle un certain effroi, sur un tout autre registre. Une armée de monstres étranges, filmés avec les moyens du bords et des effets spéciaux en carton, à l'image du film dans son ensemble : entre les moments comiques et les sursauts d'horreur, on ne sait jamais sur quel pied danser. Le côté surréel est vraiment prenant, et rappelle dans une certaine mesure "Le Masque du démon" (sans les aspects gothiques), lui-aussi adapté du récit de Gogol.
[AB #135]