Quand elle ne fait pas la zouave avec des dragons dans une certaine série TV, Emilia Clarke tente de faire discrètement son petit bout de chemin sur grand écran. Après avoir fait le très mauvais choix du blockbuster de pacotille avec "Terminator Genisys", la comédienne a un peu plus marqué les esprits avec la romance à succès "Avant Toi" où elle succombait au charme du jeune homme tétraplégique dont elle s'occupait.
Dans "Voice From the Stone", visiblement adepte de son rôle de nanny improvisée, la Mère des Dragons débarque cette fois au fin fond de la campagne italienne, dans un manoir brumeux de chez brumeux, pour aider un jeune garçon devenu muet suite au décès de la mère.
D'un premier abord, on peut déjà commencer à trembler à l'idée que l'actrice passe par la case d'un énième film d'épouvante pour s'imposer au cinéma (d'autant plus que le film est sorti majoritairement en VOD/DTV un peu partout) mais, à bien y regarder, cette production américaine en terre italienne semble proposer une approche d'un autre niveau (et ne reposant pas sur des pitreries de jumpscares foirés) en adaptant le roman "La Voce Della Pietra" de Sylvio Raffo. Non, ici, la volonté de nous ambiancer dans l'atmosphère on ne peut plus gothique d'une histoire mystérieuse est clairement affichée. Et, de ce point de vue, esthétiquement, "Voice From the Stone" sera toujours particulièrement léché et se révélera être une bonne surprise pour un premier passage derrière la caméra (Eric D. Howell est un nom à retenir) allant lorgner vers de grandes références (et, étonnamment, souvent espagnoles malgré le décor).
Voilà. On pourrait s'arrêter sur cette note positive. Mais, à un moment ou à un autre, il va bien falloir parler du contenu...
Déjà, il y a le problème Emilia Clarke. Et ses satanée sourcils. On passe les premières quinze minutes du film à s'habituer à les voir virevolter dans tous les sens avant d'enfin les remarquer un peu moins.
En plus de ce tango permanent de pilosité oculaire et aussi mignonne soit-elle, il y a aussi le souci de ses têtes improbables. Non pas qu'elle soit mauvaise mais son visage semble indisposé par un problème de motricité entraînant trois temps de retard sur l'émotion qu'elle veut nous faire passer ! Par exemple, on la retrouve ainsi avec une tête d'ahurie parfaite, les yeux complètement écarquillés, en train de... simplement saluer le père rongé de tristesse du garçon dont elle doit s'occuper. Ça n'apporte pas forcément une grande crédibilité à cette affaire...
Et il y a cette "affaire" justement...
Pour résumer, le petit gars muet est un poil bizarre : il passe son temps à écouter des trous dans les murs et à monter sur des trucs très hauts. Vu qu'elle ne voit pas trop comment l'aider, Nanny Clarke préfère céder à ses tendances exhibo-nymphos et aller poser nue pour le papa subitement à nouveau tout content (il est sculpteur, il faut quand même le préciser) avant que des révélations fantastiques qu'on avait vu venir à des hectares à la ronde nous tombent sur le coin du nez. Voilà. Bon, OK, c'est peut-être un chouïa réducteur. Surtout qu'on a un peu oublié de parler de cette histoire de pierres transversales de la vie (et de la mort) ou cette thématique de la difficulté du deuil pour un enfant utilisée évidemment ici de manière jusqu'au-boutiste. Tout cela est bien présent mais ce qui est peut être passionnant dans un roman peut se révéler d'un ennui mortel une fois traduit à l'écran. Et "Voice From The Stone" en est la parfaite représentation tant il devient très vite clair qu'il va falloir s'automutiler pour rester éveillé jusqu'à son terme.
Heureusement que le film possède quelques arguments visuels pour rendre son visionnage moins désagréable car il semble désormais certain que voir des gens poser des oreilles contre des murs pour écouter ce qu'il s'y passe pendant 1h30 ne soit pas un sujet des plus passionnants.