Flight Risk est un peu arrivé comme un cheveu sur la soupe, un truc étrange sous embargo critique jusqu’à sa sortie, avec très peu de communication marketing sur le projet, celle-ci allant même éviter la mention de Mel Gibson Outre-Atlantique. Non pas que la filmographie du bonhomme soit honteuse, au contraire, il est un cinéaste bien trop rare à mes yeux, sa dernière pépite Hacksaw Ridge remontant à neuf ans déjà. Non, Mel Gibson est persona non grata à Hollywood depuis plus de quinze ans pour ses multiples frasques alcoolisées, et son rapprochement du camp Trump jusqu’à devenir en janvier un des émissaires du verrat dans l’industrie californienne, chargé avec Sylvester Stallone et Jon Voight de veiller à la “droiture morale” des productions (une mission fantoche confiée à des gens has-been).
Mais mettons de côté la dégringolade d’estime de l'homme pour nous concentrer sur l’objet filmique en lui-même. Un high-concept voté en 2020 scénario jamais produit le plus aimé de la fameuse blacklist d’Hollywood, qui propose un huis clos aérien entre une US Marshall, un témoin capital dans une affaire mafieuse, et un pilote infiltré pour éliminer les deux autres. Sur le papier, et avec Mel aux commandes, ça a de quoi intriguer. Quant à la présence de Mark Wahlberg en psychopathe cabotin, pourquoi pas, l’acteur étant capable d’être convainquant lorsque bien dirigé.
Malheureusement, Flight Risk est sans ampleur, sans ambition. Une écriture lacunaire nous livre trois personnages caricaturaux aux enjeux narratifs et émotionnels tenant sur un timbre poste, et des situations convenues qui empêchent toute forme de tension. Cela ne raconte rien, et ça le fait mollement. Pire, le surjeu de Marky Mark le rend ridicule, tandis que la fonction comique de Topher Grace est un raté total qui ne provoque que l’agacement. Il ne se passe rien à l’image, tout juste quelques paresseux fusils de Tchekhov placés lourdement, et un refus de s’attarder sur la splendeur de l’Alaska sauvage.
Flight Risk s’apparente plus à un DTV quelconque à l’ancienne, une sorte de Con Air sans l’exubérance mais en gardant la bêtise, ne racontant rien, mais ayant la politesse de passer rapidement car restreint à 1h30. Un film par un Mel dépossédé de toute volonté artistique, un truc de faiseur lambda que l’on aura bien vite oublié.
Mais bon, au moins je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer.