"Vous croyez-vous dérangé, réellement ?" - "Pas du tout, je suis un bijou de la science"

Réel coup de coeur pour ce chef d'oeuvre !

Tout me bluffe dans ce film, tant le choix du sujet, que la mise en scène et la réalisation ou le jeu d'acteur : tout est infiniment bien pensé, et dans le détail !

On se retrouve plongés au cœur du monde peu connu et redouté de la psychiatrie. Le scénario est à la fois effrayant et absurde, on est confronté à une image de la psychiatrie absolument démentiel qui s'apparente à la folie la plus complète.
Au début du film, on y retrouve une image de prison, un lieu lugubre et austère, voire morbide. Des patients peu humains, qui semblent dénués de toutes facultés mentales ou cognitives et qui s'apparentent davantage à des zombies qui errent sans but.
Puis arrive McMurphy, personnage haut en couleur qui prétend être fou dans le but d'éviter sa peine. Et là, l'asile se met à vivre au travers de ce personnage et de sa véritable conquête de la liberté et des droits des patients face à la redoutable infirmière en chef. On y découvre la psychiatrie comme dans les clichés : des psychopathes, des cinglés, des fous, des hystériques, et étrangement, uniquement des hommes. Mais tout cela est finement mis en scène de façon extrapolée et avec des jeux d'acteurs fabuleux, et nous permet d’interpréter ça avec suffisamment de second degré pour éviter d'assimiler ces clichés à la réalité.

Le personne de Mc Murphy est tout aussi effrayant qu'attachant, ce rôle déganté tenu par Jack Nicholson lui va une fois encore à ravir, quel acteur ! Quant à la fameuse infirmière, on y retrouve un personne froid, qui use délibérément de la manipulation avec un véritable aplomb sans failles face aux comportements sans cesse provocateur de son nouveau patient. Puis le "grand chef", ce grand et robuste personnage qui nous semble plus abruti et inutile que les autres, jusqu'à ce qu'il émette ses premiers mots : un personnage extraordinaire qui s'avère être intellectuellement supérieur et dont le rôle donne matière à réfléchir ! Mais également tous ces autres pensionnaires au jeu d'acteur fabuleux et auxquels on s'attache "malgré tout".

Un film extra qui nous montre la complexité de la pathologie psychiatrie encore trop jugée et méconnue, mais qui dénonce aussi minutieusement la privation des droits et des libertés en psychiatrie, et qui nous montre les supercheries et la manipulation dont peuvent faire usage les soignants pour arriver à leur fin. Ce film nous met également face à une nouvelle conception de la "normalité" qui est celle spécifique à chacun et qui contourne les règles imposées par la convention sociale : pourquoi ne pas exposer la maladie mentale sans tabou comme une normalité en soi ? Une révolution cinématographique, j'ai adoré et le recommande, à regarder avec tout de même un peu de recul !