Que Almodóvar est grand quand il parle des femmes ! Grand, généreux, émouvant, hilarant, littéralement enthousiasmant, "Volver" est un cadeau au spectateur, un film qui se savoure minute après minute, les larmes aux yeux et le sourire au cœur. Les hommes ne valent même pas l'allumette pour les faire brûler ou le couteau pour les trucider, mais les femmes... ! Penelope Cruz, sublime dans la droite ligne d'une Ana Magnani, pleine d'une vie qui éclabousse l'écran - quels seins ! - justifie ici toute la fausse gloire dont Hollywood l'a parée à mauvais escient. Carmen Maura est revenue, fantôme malicieux qui pète, fait du vélo d'appartement et se cache sous le lit. Almodóvar explore avec "Volver" une sorte de néo-réalisme en couleurs, mais n'abandonne pas tout-à-fait la précision toute hitchcockienne de sa mise en scène au cordeau. Et quand la Cruz entonne la chanson, poignante, qui donne son titre au film, impossible de ne pas fondre devant ce cinéma-là, au sommet.
[Critique écrite en 2006]