Vortex est, encore une fois, un film terrible réalisé par Gaspar Noé, mais là il fait un peu son Amour. On est loin de la violence physique, de la débauche de sexe qu'il peut y avoir dans d'autres de ses films, on est vraiment sur de la violence beaucoup plus insidieuse puisque le film parle de la fin de la vie, de la fin de notre vie ou de celle de nos proches. Forcément le film va aborder un thème qui nous touche ou nous touchera tous.
Je dois dire qu'il le fait bien. Je venais de voir le dernier Ozon, sur un sujet similaire et là chez Noé, aussi étrange que ça puisse paraître c'est un poil plus subtil, un poil moins téléphoné et surtout beaucoup plus juste. On se prend vraiment toute l'atrocité de la fin de vie en pleine poire et le film n'est tendre avec personne. L'égoïsme et la peur du mari qui veut absolument finir son livre et qui finalement ne fait pas grand chose pour sa femme... le fils totalement impuissant qui a ses propres problèmes à régler... et le détail qui tue le gamin qui fait du bruit en jouant alors que la situation est grave, rendant toute la séquence atrocement réaliste et éreintante.
Le choix de tourner quasiment tout le film en écran partagé, sauf une scène au début (si je ne m'abuse) est une idée brillante. La maladie qui sépare physiquement dans le cadre ce couple quoi qu'il arrive. Ils ne seront plus jamais unis par la mise en scène. Et puis ça permet une approche mine de rien assez ancrée dans le réel. Pendant qu'on regarde une conversation on voir la malade faire des trucs vides de sens parce qu'elle n'a plus toute sa tête et il faut tout le temps la surveiller pour savoir ce qu'elle fait même si notre attention devrait être dirigée ailleurs. Disons que c'est bien trouvé.
Surtout que l'issue est connue... à la fin de la vie les gens meurent... mais la question c'est comment... combien de temps ça prend d'agoniser, à ne plus avoir toute sa tête... à se sentir être un fardeau pour les autres lors de nos rares moments de lucidité.
Le film arrive à aborder tout ça, sans que ça fasse trop didactique.
Même si on va se mentir, Noé est pas un mec hyper subtil, il met souvent les pieds dans le plat. Mais les personnages sont touchants, crédibles, fonctionnent (j'ai reconnu Philippe Rouyer juste à sa voix avant de le voir) ce qui rend plus acceptable les moments où Noé chausse ses gros sabots.
En tous cas, encore un film où le temps détruit tout.