A part le décevant Love, j’ai toujours bien aimé les films de Gaspard Noé. Le casting de celui-ci était intriguant. Mais la durée un peu effrayante : 2h20 sur un vieux couple en fin de vie, ça pouvait rebuter. Et effectivement l’ensemble est un peu long, trente à quarante-cinq minutes de moins auraient été bienvenues. Mais une fois fait au rythme très lent (jamais vu si lent chez Noé), et à cet écran coupé en deux où l’on voit les deux personnages évoluer chacun de l’autre côté dans leur appartement, le tout devient progressivement assez fascinant. On pense beaucoup au Amour de Haneke, mais j’ai une nette préférence pour celui-ci. On a l’impression d’être devant un documentaire ou d’être des voyeurs introduits secrètement dans ce foyer. Les trois acteurs sont vraiment très convaincants, Françoise Lebrun en tête. Elle est formidable en vieille dame qui perd la tête. Dario Argento (le maitre italien) est bien aussi. Le fils est interprété par un Alex Lutz bien inspiré également. L’ensemble est très dépouillé, sec, voir aride, avec très peu de dialogues (apparemment souvent improvisés). Mais un film troublant, dur et touchant sur la fin de parcours d'un couple toujours ensemble malgré les aléas de la vie et la maladie. Gaspard Noé est décidément vraiment à part dans un cinéma français de plus en plus formaté. Une œuvre puissante à laquelle je ne m’attendais pas.