Enfin l'oeuvre de maturite de gaspard Noe !
Alors non, mais j'ai failli y croire. C'est lent -vieillesse oblige- et ca fait du bien, mais je percois encore cette pretention de petit jeune a vouloir s'illustrer par la supposée radicalité de gimmicks formalistes pour "faire" experimental, et choquer l'"ame sensible" en traitant ses sujets de la facon la plus glauque possible. Mais moi je ne suis plus un adolescent. La provoc' j'aime ca car ca m'amuse, mais ca ne fait "que" m'amuser.
Le film est pourtant fort dans son temps long, dans ces scenes qui s'etirent. Les personnages sont touchants et justes dans ces longues sequences mal improvisees, ou on cherche ses mots, car on ne sait evidemment pas quoi dire dans ces situations, et quand on parle enfin c'est terriblement maladroit. Ces flottements inconfortables et la dimension documentaire d'une partie du film (Dario argento et son livre) sont ses grandes forces.
Meme si le split screen est appreciable par ce qu'il offre de possiblités de mise en scene et de tension, que son utilisation est certainement pertinente sur le fond (la maladie les separe, le lien sentimental s'est etiolé, toussa toussa), on peut lui reprocher de sur-signifier ce qui saute deja aux yeux. Ca me rappele la lourdeur des changements de ratio d'image tout en musiques dans le clipesque "Mommy" de Dolan. On pourrait aussi lui reprocher avec un peu de mauvaise foi que quelque soit son film, Noe ne s'effacera peut-etre jamais derriere son sujet.
Les exces de glauquitude forcée me font un peu decrocher aussi. Le fils cas-social et heroinomane (parce qu'un Noe sans la defonce, comment le concevoir), les chiottes pleins de merde (clin d'oeil a ETV t'as vu), etc. Et on sur-signifie encore et toujours.
Au final je crois preferer quand meme un chouya "Amour" d'Haneke, que j'ai pourtant trouvé un peu facile.
Je suis clairement biaisé/blasé pour juger ce type de films pour deux raisons. La seconde c'est que je suis directement concerné, car mes parents sont dans cette exacte situation, et que j'attend un traitement juste du sujet. Attendre quelque chose d'une oeuvre est toujours une impasse.
Mais la premiere raison, c'est que j'ai vu le formidable "Professeur Yamamoto part a la retraite" de Kazuhiro Soda, qui traite frontalement de la vieillesse et de la maladie mentale. Chef d'oeuvre documentaire, épuré, minimaliste et d'une incroyable radicalité formelle, qui fait litteralement passer le reste pour de la pisse de chat.
Je dis pas que Vortex est nul, je crois meme qu'il est plutot bon. Il y a d'ailleurs toujours du tres bon a prendre dans chacun des films de Noe, mais c'est un sujet sur le quel je suis a fleur de peau.
Gaspar, tu peux encore epurer ton cinema, tu es suffisemment doué pour le faire, mais tu n'en as peut-etre tout simplement pas envie.