Un Woody Allen mi-figue mi-raison
Woody Allen de retour à Londres après son aparté barcelonais et new-yorkais. Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu, énième comédie sentimentale nimbée d'une noirceur dont le réalisateur américain à la secret, fleure bon la continuité avec la rupture entrevue dans les années 2000 au coeur du « système allénien » et entamée par Match Point. On quittait Londres plongé dans Le Rêve d'une certaine Cassandre, on y retourne pour se laisser porter par les histoires d'amour rocambolesques d'une galerie de personnages tous plus différents les uns des autres.
Petit problème : ce dernier film fâchera ceux qui ont suivi de près la filmographie d'Allen car ils y verront une espèce de pot-pourri des obsessions du cinéaste où l'on retrouvera le créateur en panne d'inspiration d'Harry dans tous ses états, le septuagénaire épris de la jeune blonde écervelée et peu portée sur la fidélité aperçu dans Whatever works, la vision acerbe et ironique des porte-feuilles épais du gratin british de Scoop, et même, pour remonter plus loin, les aléas du couple qui ont fait le bonheur de Manhattan. Sans surprise, donc.
Sans saveur non plus, car le casting 3 étoiles, en vrac Anthony Hopkins, Naomi Watts, Antonio Banderas et Josh Brolin, ne pourra masquer le peu de mordant d'une histoire qui tourne vite en rond et ne prend pas le parti de se montrer aussi grinçante et cynique que dans les dernières oeuvres du Maestro.
Bien sûr on s'amusera de ce déjà-vu qui conviendra à beaucoup, bien sûr on appréciera cette capacité à naviguer d'un genre à l'autre avec une virtuosité insolente, mais il sera difficile de quitter la salle sans nourrir au fond de soi une amère déception.