Je ne peux quand même décemment pas mettre moins de quatre au grand Woody, hein ? Au papa de Manhattan et de Meurtre mystérieux à Manhattan, qui restent mes deux films préférés signés Allen...
Mais bon, ça ne mérite pas vraiment plus. C'est bien fait, c'est maîtrisé, c'est bien réalisé, c'est enlevé, c'est drôle, un peu, ça fait réfléchir, un peu, sur la condition humaine, sur les rapports entre les gens et sur les gens eux-mêmes, sur leurs valeurs qui fluctuent selon les situations qui deviennent absurdes ou terribles... Mais c'est tout. Seulement. On aurait voulu plus, de la profondeur, quelque chose qui permette de s'identifier un peu, quelque chose qui fasse qu'on s'intéresse un peu au sort de ces personnages qui défilent et dont on se dit "ah, tiens, encore un écrivain raté, encore une vieille névrosée, encore une galeriste paumée, encore une belle étudiante en proie au doute".
Mais où sont passés tes personnages, Woody ? Où sont-ils, ceux qui avaient une âme, qui avaient de la répartie et qui n'étaient pas que des caricatures d'eux-mêmes ? Est-ce qu'à force de les presser, tu as fini par en extraire tout le jus pour n'en laisser que le tourteau amer ? Est-ce que ta nouvelle femme/belle-fille t'inspire moins que Diane Keaton, à ta grande époque ? Ou est-ce que, n'ayant plus rien à prouver, tu t'endors sur les doux nuages cotonneux de la célébrité, ne réalisant que ce qui te plaît comme il te plaît avec qui te plaît (Carla Bruni, c'est pour bientôt) sans chercher à te dépasser ? C'est triste, un bon cinéaste qui vieillit.
Woody, tu es devenu la Amélie Nothomb du cinéma new yorkais, et ça me déprime.