Vous avez un mess@ge par VirginiA
Histoire d'amour un brin quelconque, rip-off d'un vieux Lubitsch (Shop Around the Corner) passé à la moulinette de la "révolution Internet", vous avez un mess@ge était resté dans ma mémoire comme le film du commencement de la fin pour Nora Ephron. A beaucoup d'égards, elle réchauffe de vieux plats, quitte à leur faire perdre leur saveur, entre les chamailleries entre trentenaires dynamiques (Harry/Sally) et l'alchimie Tom Hanks/Meg Ryan héritée de Nuits Blanches à Seattle.
Pourtant, à travers cette love story interchangeable, Ephron parvient à faire vivre l'Upper West Side avec une force incroyable. Alors même que ce quartier bourgeois bon teint n'a pas le charme des quartiers populaires ou le pouvoir de fascination du très riche Upper East Side, personne ne semble y prêter attention. Pourtant à travers l'histoire d'amour/haine entre un homme d'affaires aux dents acérées et une petite libraire un peu bobo, c'est toute l'histoire de ce quartier qui vibre, pris entre une tradition de vieille intelligentsia new-yorkaise et une prise en main graduelle par les quartiers d'affaires juste au sud de Columbus Circle, via une histoire rythmée par les errances de chacun dans les lieux cultes du coin (les bagels H&H, Zabar's, le Café Lalo, etc.), navigant entre les caractères qui font cette micro-société (le chroniqueur boursoufflé d'ego, les étudiants en art encore non-déniaisés par la vie, les libraires-antiquités vivantes (quand un vieillard s'éteint, c'est une bibliothèque qui meurt, vous savez ce qu'on dit), les bourges tradi über-capitalistes à l'architecture familiale improbable, les éditrices aux dents acérées) et proposant un portrait certes sucré, mais follement attachant de la bourgeoisie planplan de l'UWS.