Il y a grand péril au Royaume de France.Pendant que les mousquetaires écument les campagnes en rackettant les paysans,le roi Gros Pif mène joyeuse vie au château,se complaisant dans la plus complète débauche.Mais les nobles qui l'entourent complotent pour le renverser et il ne devra son salut qu'à l'intervention du providentiel Chevalier Blanc.En 77 Coluche,fort de son statut de comique vedette,fait ce film qui sera sa seule réalisation.Il en a aussi écrit le scénario et il s'est entouré d'une solide équipe de professionnels aguerris.Il a un coréalisateur,Marc Monnet,et deux assistants,Romain Goupil,figure de l'ultra-gauche qui signera un court intitulé "Coluche président" en 81,et Thierry Chabert qui deviendra un pauvre téléaste.Vladimir Cosma a composé la musique et Serge Gainsbourg les chansons.Gainsbarre,proche de la mouvance café-théâtre,travaillera l'année suivante sur "Les bronzés",avec notamment l'excellent "Sea,sex and sun".C'est carrément Max Douy qui pour un de ses derniers films s'est occupé des décors.Le mec a dans sa longue carrière bossé notamment pour Grémillon,Becker,Ophüls,,Clouzot,Autant-Lara,Le Chanois et a même été le décorateur du James Bond "Mooonraker" en 79.Il y a aussi le monteur Armand Psenny,6 Césars au compteur,et l'opérateur attitré de Jean-Jacques Annaud Claude Agostini.Et pourtant,en dépit de cette armada,ce one-shot coluchien n'a pas grande allure.Il s'agit d'une parodie des films de cape et d'épée et des légendes médiévales qui se révèle plutôt poussive.Le début est pas mal,disons globalement jusqu'au départ du château de Gros Pif en compagnie de Lucienne et du Chevalier Blanc,après ça se traîne au gré d'une histoire mollassonne et décousue relevée parfois de gags qui fonctionnent.Coluche a évidemment le sens de la punchline et dénonce de façon ironique les moeurs politiques et sociales d'un univers féodal inégalitaire et injuste.C'est généralement excessif dans le traitement mais bien vu sur le fond,on éclate rarement de rire mais on sourit en permanence à cette pochade d'inspiration gaucho-anarchiste qui fut un échec public.L'ensemble inspire une certaine sympathie,d'autant que l'auteur a convoqué pour l'occasion tout le ban et l'arrière-ban du café-théâtre seventies,les troupes du Café de la Gare,du Splendid,de la Veuve Pichard ou du Vrai Chic Parisien,des acteurs surdoués dont beaucoup deviendront des stars.Il y a bien sûr Coluche en personne,qui joue ce roi stupide,trouillard et débauché,et un Gérard Lanvin impayable en Chevalier Blanc qui gouale à tout bout de champ sa chanson de présentation en mode Luis Mariano,pour laquelle il est doublé.Le comédien,inconnu à l'époque,arbore un look incroyable.Maquillé comme un travelo au Bois,tout de blanc vêtu,collant moule-burnes et chemise ouverte jusqu'au nombril,il incarne une sorte de rock star débile et constamment contente d'elle avec un premier degré réjouissant.Anémone est parfaite en princesse godiche et les adversaires du roi,tous plus crétins les uns que les autres,ont les traits de Martin Lamotte,bouffon aux pulsions homicides prononcées,Michel Blanc,aristo prudent,Roland Giraud,duc d'Orléans dégoisant sans cesse des aphorismes sans queue ni tête,Gérard Jugnot en capitaine des mousquetaires oppresseur,Thierry Lhermitte en héraut conciliant,mais aussi Philippe Bruneau,Luis Rego,Marie-Anne Chazel,Bruno Moynot,Sotha et Véronique Colucci,l'épouse de l'auteur.La reine infidèle est interprétée par Dominique Lavanant qui retrouvera Chabert dans les années 90,le gars réalisant plusieurs épisodes de la série "Imogène".On voit aussi apparaître le nain Roberto,vu notamment dans la saga "Angélique".Christian Clavier n'est pas physiquement dans le film mais fait la voix off qui commente l'action.