A l’occasion d’un voyage en France, Mark et Joanna Wallace (Albert Finney et Audrey Hepburn), couple au bord de la séparation, se remémorent leurs différents voyages en France, et comment leur relation s’est peu à peu dégradée.
Fidèle à son style, Stanley Donen nous offre une nouvelle variation sur le mariage. Seulement, cette fois, la comédie a une tendance beaucoup plus dramatique, car en effet, loin des marivaudages sympathiques d’Ailleurs, l’herbe est plus verte, le réalisateur pose un regard beaucoup plus sombre sur ce qu’est le mariage.
Couple désabusé, les Wallace ont en effet transformé leur couple en ring où se combattent deux êtres qui ne veulent plus s’aimer. Ils ne le veulent plus, mais ne peuvent pas s’en empêcher, et c’est bien la belle leçon qu’ils tireront de cet album de souvenirs cinématographique dans lequel nous plonge Donen, grâce au montage extrêmement habile de Madeleine Gug et Richard Marden, qui mêle les différentes époques avec une aisance à faire pâlir de jalousie Christopher Nolan. Tour à tour joyeuses, tristes, drôles ou pénibles, les séquences qui s’enchaînent sous nos yeux forment de touchantes et authentiques tranches de vie, dans lesquelles Donen et son scénariste Frederic Raphael réussissent à dresser un portrait juste et nuancé d’un couple, illustrant les différentes étapes incontournables qui forment la vie mariée.
En effet, le plus dur n’est pas de résister, mais de pardonner à l’autre qui a succombé, et c’est ce que vont apprendre à leurs dépens les émouvants Albert Finney et Audrey Hepburn au cours de leurs différents trajets qui sont autant de voyages initiatiques. Ainsi, au gré de dialogues affûtés et de parcours à travers la France, magnifiée par la photographie soignée de Christopher Challis, Voyage à deux nous offre un spectacle juste et mesuré, qui élève l'âme et l'esprit deux heures durant.