My dear hunter
Avec voyage au bout de l'enfer, l'occasion nous est d'emblée offerte de revenir sur le désastre que peut constituer un titre français par rapport a l'original (désastre qui peut s'appliquer aux...
Par
le 10 mars 2011
156 j'aime
8
Chef d'œuvre opératique, chanson de geste et néanmoins projection fantasmatique d'un cinéaste génial (mais incompris, voir la polémique absurde qui secoue les "élites" de gauche, jugeant le film nationaliste et raciste), "Voyage au Bout de l'Enfer" met en scène la fin des mythes fondateurs de l'Amérique : c'est la guerre (celle du Vietnam) qui vient violer l'autarcie d'une communauté d'ouvriers d'origine russe dans une triste cité industrielle de Pennsylvanie, cernée par des paysages grandioses. La construction du film, aussi somptueuse qu'audacieuse, évoque autant Raoul Walsh que Luchino Visconti, c'est dire le niveau où se situe d'emblée Cimino, jeune cinéaste déjà en pleine maîtrise de son Art. Ainsi, la partie montrant la descente aux enfers, "le suicide d'une nation", symbolisé par le supplice de la roulette russe, est un bref concentré halluciné de violence et de folie, brisant brutalement l'enchantement de la très longue description de la vie des trois amis avant leur départ, avec ses scènes tout simplement sublimes de rites ancestraux (le mariage, le travail, la chasse). [Critique écrite en 1978]
PS : Revoir ce "Voyage au Bout de l'Enfer" dix ans ou presque plus tard permet de confirmer la force de ce film ultime, qui ose aborder frontalement (et cela lui vaudra bien des polémiques, injustes) l'essence du mythe américain, celui d'un "melting pot" illusoire : cette peinture d'une communauté se nourrissant de ses traditions ancestrales, puis brisée par l'horreur hallucinante de la guerre, et tentant finalement de se reconstituer autour de valeurs américaines communes (le fameux hymne national chanté à la fin), pose les questions essentielles sur la fondation et la poursuite du rêve américain. De Niro, héros en retrait par rapport à un Christopher Walken christique et bouleversant, incarne magnifiquement un chef charismatique, perfectionniste rêveur, dont le talon d'Achille est une passivité maladive avec les femmes. [Critique écrite en 1986]
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Les meilleurs films sur l'amitié masculine, Les meilleurs films de guerre, Mes 10 films préférés de la décennie 1970-1979, Les meilleurs films avec Robert de Niro et Mes 100 réalisateurs préférés [Liste en construction]
Créée
le 14 oct. 2014
Critique lue 622 fois
16 j'aime
D'autres avis sur Voyage au bout de l'enfer
Avec voyage au bout de l'enfer, l'occasion nous est d'emblée offerte de revenir sur le désastre que peut constituer un titre français par rapport a l'original (désastre qui peut s'appliquer aux...
Par
le 10 mars 2011
156 j'aime
8
Loin de moi l'idée de jouer les nostalgiques du dimanche et les vieux cons mais il faut bien avouer qu'à une certaine époque, le cinéma avait une sacrée gueule. Il n'était pas parfait, loin de là, et...
Par
le 26 mai 2014
118 j'aime
6
Voir The Deer Hunter des années après au cinéma, c'est une expérience à vivre, c'est se rendre compte encore davantage des formidables qualités de ce récit inoubliable qui forme un tout. Un film de...
le 9 oct. 2013
83 j'aime
12
Du même critique
Ce commentaire n'a pas pour ambition de juger des qualités cinématographiques du film de Ladj Ly, qui sont loin d'être négligeables : même si l'on peut tiquer devant un certain goût pour le...
Par
le 29 nov. 2019
205 j'aime
152
Il y a longtemps que les questions morales liées à la pratique de l'Art Cinématographique, chères à Bazin ou à Rivette, ont été passées par pertes et profits par l'industrie du divertissement qui...
Par
le 15 janv. 2020
191 j'aime
115
Cette chronique est basée sur ma propre interprétation du film de Charlie Kaufman, il est recommandé de ne pas la lire avant d'avoir vu le film, pour laisser à votre imagination et votre logique la...
Par
le 15 sept. 2020
190 j'aime
25