Un film d’aventure qui a le charme du vintage sans pour autant tomber dans le kitsch, malgré quelques décors en plastique assez visibles le film a étonnamment bien vieilli et la remasterisation confère au tableau de belles couleurs chatoyantes. Le film réussit à retranscrire l’émerveillement propre aux aventures de Jules Verne et à rythmer intensément ce road movie troglodyte avec un sens consommé de la péripétie. Les acteurs incarnent la chose avec passion, James Mason éclipsant néanmoins un peu trop ses faire-valoir masculins.
L’opposition entre les caractères bien trempés de la belle veuve de l’équipée et de l’illustre professeur néanmoins très machiste apporte un côté « buddy movie romantique » assez piquant à l’ensemble. Le film joue pleinement la carte du sulfureux chaste, les personnages dénudés et certaines répliques aux forts sous-entendus font peser une légère tension sexuelle sous-jacente sur le film à une époque où ceci était plutôt osé. Le travail d’adaptation a même enrichi l’intrigue grâce à quelques bonnes idées comme l’ajout d’un méchant, ce dernier faisant peser une menace sourde dans le hors-champ de ce dédale obscur tout en apportant de l’enjeu et la dose de suspense d’une course au premier arrivé. Les dialogues soignés et le bon doublage de la V.F participent à l’efficacité de la narration et à l’agrément du spectacle. Les trucages évitent l’écueil du carton-pâte pour privilégier des effets d’optique qui s’avèrent sûrement bien plus intemporels et terrifiants (les iguanes démesurés ont de quoi donner des cauchemars).