Imaginez un petit peu. La synthèse impossible de deux mondes, l’équilibre miraculeux, tant dans les thèmes que visuellement, entre le travail de Miyazaki et de Shinkai. Je vous présente Voyage vers Agartha.


D’un côté, vous avez tout ce qui fait Shinkai. On continue la thématique qui parcourt toute sa filmographie : la séparation de deux êtres à travers le temps et l’espace. Cette fois-ci, c’est le thème du deuil qui traversera le récit. Tous ses films se ressemblent visuellement, sa patte est unique. Il y a ces couleurs chaudes, ces jeux de lumière, la place centrale de l’espace, l’obsession du ciel (comme Lubezki). C’est pour ça que la plupart des plans sont en contre-plongée, pour que 3/4 de l’image soit consacrée au ciel. C’est aussi des mouvements de « caméra » pas du tout orthodoxes pour de l’animation.


De l’autre, vous avez les thématiques typiquement miyazakiennes. C’est un conte fantastique, où la magie se mêle à la réalité. On a le point de vue de l’enfant évidemment, l’héroïne courageuse, le sidekick animal, les créatures mythiques, bonnes ou maléfiques. C’est aussi ce mélange de sentiment d’évasion totale et de réflexion. Grand fan du studio mythique, Shinkai s’empresse de verser des tas de références jouissives, recherchant plus particulièrement la magique aventure du Château dans le ciel, sans que cela n’entrave son récit.


Le film est aussi très dur, très sombre par moments alors que l’ambiance générale est chaleureuse, enfantine. C’est une quête sur deux personnages qui veulent ramener à la vie des proches décédés, en se rendant à Agartha. Les conséquences de vie et de mort sont directes, le film prend souvent à froid par son fatalisme. Ca m'a rappelé Les enfants loups, Ame et Yuki qui m’avait fait la même impression.


C’est une aventure exceptionnelle d’une puissance dramatique énorme, un voyage au centre de la terre fascinant qui se joue des contes japonais, qui revisite l’histoire d’Orphée et la mythologie. C’est vraiment le mot « fascinant », on est constamment surpris, émerveillé, chamboulé sans un moment de répit.

Peaky
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le 2 mai 2018

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Peaky

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