Hoshi wo ou kodomo fait se rencontrer le tout petit et le très grand, articule le microcosme et le macrocosme en établissant les conditions merveilleuses d’un dialogue entre les cultures et les âges, en témoignent les flashbacks ou autres procédés synthétisant le chaos humain – notamment une fresque alignant les grands bourreaux de l’Histoire. Nous retrouvons là l’ancrage historique du cinéma de Hayao Miyazaki, toile de fond devant laquelle s’accomplissent des destinées au contact les unes des autres.
L’originalité réside tout à la fois dans le talent de paysagiste de Makoto Shinkai, qui signe de superbes compositions naturelles et utopiques, et dans la relation trouble qui unit les protagonistes : il y a ce jeune homme mystérieux qui met en route Asuna et qui constitue ensuite la quête de celle-ci, stéréotype de l’écriture des mangas et, dans le cas présent, du cinéaste japonais – souvenons-nous du coup de foudre éprouvé par Suzume à la simple vue du voyageur – ; également le rapport ambigu qui rapproche ladite fille de son professeur remplaçant, rappelant au passage l’attachement interdit d’un Léon (Luc Besson, 1994) ; enfin les déplacements autonomes d’un chat sacré qu’aucun maître sinon divin ne saurait posséder.
Tout cela s’intègre à un univers où amour et cruauté s’entremêlent, offrant une métaphore des puissances de création et de destruction à l’œuvre dans le monde. Voilà un divertissement brillant qui sonde la complexité de l’adulte hanté par les fantômes des êtres qu’il a perdus, et retranscrit l’initiation d’une enfant à la perte de ses illusions et de ceux qu’elle aime avec un goût pour la péripétie et pour l’aventure des plus précieux.