Figurez-vous qu'à un moment de sa carrière Sophie Letourneur avait des velléités artistiques, de mise en scène, et en avait quelque chose à foutre de ce qu'elle racontait.

Pour preuve, Énorme était un petit miracle, déconstruisant l'éternel personnage de Jonathan Cohen et en utilisant des images réelles mêlées à celles de ses comédiens filmés à part. Un procédé simple, efficace, mené jusqu'au bout en faisant de l'ensemble un tout miraculeusement cohérent, et surtout qui parlait de quelque chose.

Ça a du être bien crevant pour Sophie qui s'est dit que sur le prochain elle allait quand même moins se faire chier.

Typique film caprice, Soso s'est dit qu'itérer sur sa formule en ne se sortant pas trop les doigts du cul ça allait marcher, et pour pas cher. Ben ça c'est un classique de la petite idée qui fait un bon court métrage mais certainement pas un bon long (on vous voit les Quentin Ducul, Chien de la casse et autres Barbie de mes couilles).

Ici Sophie nous embarque dans l'ego trip le plus pénible qu'il m'ait été donné de voir depuis bien longtemps. Que faire quand on n'a rien à raconter mais qu'on a Philippe Katherine, un voyage prévu et une petite équipe sous la main ? Eh bien un film pardis ! Et surtout on fait n'importe quoi, n'importe comment pendant 1h30 qui en paraissent 4.

Donc un couple pas tout à fait en crise se barre en Italie après avoir cherché des billets d'avion, discuté dans un bus, discuté à la maison. Philippe (ici rebaptisé Jean-Philippe lol) est un gars un peu chiant, casanier mais à qui on en veut jamais vraiment parce qu'il est sympa et Sophie euh, ben elle a même pas vraiment de personnalité en fait, à l'image de son film... mais attendez, est-ce là le début de la réflexion méta qui parsème le dernier acte du film ? Roulements de tambour.

Alors on les suit déambuler, s'engueuler, se parler, aller en terrasse, faire des blagues, pleurer, baiser et en soi ça pourrait marcher, être fascinant.

Après tout, si Akerman arrive à nous captiver pendant 3h20 avec une femme qui coupe des patates rien n'est impossible. Alors pourquoi ici ça ne marche pas du tout ?

Je pense que ça tient dans un premier temps comme esquissé plus haut aux comédiens qui ne dégagent rien. C'est bien rigolo de jouer les blasés comme quand on a 15ans au bahut mais ça pendant TOUT le putain de film ça devient juste insupportable. Mais le pire à mon avis, c'est cette étrange froideur qui se dégage du tout. On est constamment avec les personnages et pourtant tellement à distance, c'est glacial, l’archimie entre les deux est inexistante, le récit ne va nulle part, que cette virée au soleil est froide et triste.

Encore une fois, le spectateur est kidnappé par un-e casse couille de cinéaste bourgeoise voulant faire sa thérapie. Vous commencez un peu à les briser avec vos problèmes de parisiens de merde.

Et ça aurait un peu passer (hum) si, dans une dernière partie il ne fallait pas se manger l'horrible épilogue bien pratique des deux compères qui, brisant plus ou moins le 4ème mur se mettent à dicter la dernière partie du récit, à haute voix, quelle idée maligne (Soso devait pas savoir comment justifier les innombrables reflets de l'équipe technique partout).

Film totalement vain qui ne sait pas quoi raconter mais en ce sens contentera les bégozouzes adeptes du cinéma du « réel ». Effectivement on s'emmerde autant que quand on est bloqué dans une pièce avec quelqu'un qu'on aime pas et qui est chiant comme la pluie, mais la pluie du vrai ciel véritable.

Maxime2608
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le 10 sept. 2023

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Maxime2608

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