La lassitude du bassiste

Des jeunes provinciaux qui galèrent à la ville.
Ils ont insisté, ils ont échoué. Sur les 7 membres de départ, 3 sont déjà partis.
Le film s'ouvre sur un pique-nique en rase campagne. Plan séquence derrière une botte de paille, ça boit trop, ça geule un peu et puis ça chiale : on est bien dans un film coréen.

2nd film mais 1er succès pour la plus française des réalisatrices coréennes. Moitié 'film d'apprentissage à plusieurs voix', moitié drame social pour la jeunesse qui s'enfuit : des thèmes qui reviennent régulièrement dans la filmo d'Im Soonrye. Un peu comme un riff de basse.

Le casting est "étonnant a posteriori" car presque tous ses rôles ont connu une postérité conséquente (première apparition du tout jeune Park Hae-il, notamment). Une sorte de jumeau maléfique d'Attack the gas station (celui qui est resté au grenier).

A fine windy day de Lee Jang-ho en héritage vraisemblable, et le récent Little Forest en héritier probable. La photo et la mise en scéne servent admirablement le propos, et le ton surtout. Alors évidemment 19 ans sont passés dessus et l'univers rend plus compte de la Corée des nineties finissantes que des noughties émergentes, mais il n'en demeure pas moins que l'identité y est très forte et que la majorité des non initiés y trouveront matière à s'étonner ou à rigoler. Après tout ce sont les deux réactions les plus naïves et les plus sincères à la différence culturelle. Dans ce film ces discrets chocs reviennent profonds et réguliers, comme une ligne de basse, toujours au même rythme, jusqu'à l'épuisement de tous les liens. La lassitude du bassiste.

Il faudrait voir à tout revoir,
Les étincelles s'insinuent
Dans tout ce que l'on donne à voir;
L'audace est portée disparue ...

Il faudrait arrêter de dire
Le mieux, c'est l'ennemi du bien
Les beaux jours jurent de revenir?
L'espoir ment toujours aussi bien ...

J'entends les cœurs battre, et l'écart
Entre eux se creuser – soudain
J'entends derrière des rires plus rares
La terreur, gagner du terrain.