Un père et son fils sillonnent Nazareth et remettent en mains propres des invitations au mariage de la fille du premier. Beau prétexte à raconter la Palestine autrement, avec le dialogue entre deux hommes désormais loin de l'autre. Des générations différentes, des idées qui ne le sont pas moins, avec un fils qui vit désormais en Italie. Loin d'accentuer à tout prix les sources éventuelles de conflit, la réalisatrice Annemarie Jacir (dont on avait aimé Le sel de la mer) nourrit sans cesse la communication, la faisant parfois transiter par un ou plusieurs tiers, y compris la future mariée. Le danger avec le sujet de Wajib, comme une sorte de road-movie limité aux frontières de Nazareth, aurait pu être de passer d'une rencontre à une autre et de papillonner sans approfondir quoi que ce soit. Mais comme le film revient sans cesse au duo principal, il évite facilement cet écueil, rebondissant puis s'échappant avant de revenir au fondamental : les relations père/fils qui font ce qu'ils peuvent pour combler le fossé qui les sépare de plus en plus. Tout en douceur, avec un humour malicieux, Wajib séduit sans marteler de messages, loin d'un film militant. Mais humaniste, il l'est bel et bien, sans démagogie ni caractère démonstratif.