L’esclavage sociétal pour la remise en question d’un homme à s’accepter lui-même et à tout abandonner pour mieux renaître.
Wakefield va faire un choix improbable. Victime du système, d’un mode de vie à l’apparence parfaite, il choisira sur un coup de tête, de lutter contre son mal-être, de faire une pause et fuir sa vie bien réglée.
Robin Swicord, scénariste des films L’étrange histoire de Benjamin Button et Mémoires d’une geisha, signe ici son second film et place son homme en recul de sa propre vie, surveillant de près sa famille, le filmant dans son quotidien de perdition.
Après le mitigé Infiltrator le cinéma a du mal à proposer à cet excellent acteur un scénario à sa mesure. Jeu sobre et parfait, Bryan Cranston relève une intrigue ne recelant pas forcément de grands moments marquants.
Tout comme le film Chute libre où Michael Douglas par un concours de circonstance, passe à l’action, ici il s’agira plutôt de passivité/agressivité, d’amertume à l’égard des autres, et seulement des autres, avec un instinct vengeur oscillant entre pessimisme et ironie mais le tenant sans cesse à l’écart de ses propres responsabilités. La cause vient de l’extérieur.
Le travail, l’amour, le désir, la famille, les amis (ou pas), la légitimité d’une vie entre liberté individuelle et don de soi...L’homme est seul définitivement et victime de lui-même.
Entrecoupé de flashbacks nous apprenant plus sur l’homme, le film se concentre sur notre protagoniste principal, qui va nous raconter son histoire. On écoute tout du long ses divagations qu’il nous commentera lui-même. Jennifer Garner n’est que figurante, objet de désir seul et cause du ressentiment, nous ne la suivons que grâce aux regards de Wakefield, et nous n’entendrons rien de ses discussions...Mais notre homme nous fait la conversation... il a réponse à tout, se fait des films et nous fait parfois bien rire. Mais sa malice ne nous trompe pas sur son personnage à la misogynie exacerbée !
Jouant sur un voyeurisme parfois malsain, l’ensemble peut paraître poussif. Et si le désir prend une place importante dans l’intrigue il est aussi sa grande faiblesse, rendant ses préoccupations limitées. La caractérisation du personnage restera trop superficielle et sa décision semble bien extrême. Un essai qui aurait été plus convainquant si il avait été plus corrosif, plus dynamique et moins redondant.
Le final quant à lui nous dirige sur une éventuelle prise de conscience encore que trop vite expédiée pour vraiment en ressentir la crédibilité. La décision semblerait ne plus lui appartenir. Aurait-il finalement réussi à se sortir de son propre carcan et donner la parole aux autres (?)
Reste que le rapport à la société actuelle Etasunienne mais aussi chez nous, nous renvoie à nos propres difficultés de vie et comportements pour un bon moment cinématographique.