Retraçant l'histoire de la section animation des studios Disney entre 1984 et 1994, ce documentaire en chronique la décadence, puis la renaissance, sous la coupe de personnalités comme Jeffrey Katzenberg et Michael Eisner. Le film montre comment les studios, après la mort de Walt Disney, ont connu un déclin graduel, pour arriver à la fin de cet âge d'or qui avait permis la rencontre entre succès public et critique, au point de menacer l'avenir des films animés Disney.
L'intérêt de ce documentaire est finalement de ne pas tant parler de "l'art" Disney ou des films en eux-mêmes, mais des logiques marketing et managériales à l'œuvre dans cette Renaissance. La légendaire "magie" Disney laisse la place à des luttes de personnalités qui se détestaient plus ou moins mais qui savaient ce qu'ils faisaient pour vendre un produit. L'air de rien, cela permet de comprendre beaucoup de choses sur "Le-Disney-de-Noël" qui a bercé ton enfance. De la Petite Sirène au Roi Lion, on comprend mieux les logiques à l'œuvre derrière ces adaptations plus ou moins fidèles et plus ou moins affichées de classiques ; on est bien loin de l'image de l'animateur passionné et du monde enchanté de Mickey. En revanche, on est en plein dans l'histoire du cinéma. Le passage sur le rôle de Howard Ashman est à ce titre fascinant. Eloigné de l'univers Disney autant que faire se peut, l'homme était un produit de Broadway et de cette vieille culture du Musical; son apport, à partir de la Petite Sirène, a donné le ton pour les productions Disney pour les 10 années à venir (y compris après sa mort en 1991), reformatant la structure de tous les autoproclamés "Classiques" d'une manière ou d'une autre, ce qui permet au passage de comprendre à quel point finalement, dans ces dessins animés, l'histoire est au second plan derrière un schéma vieil hollywood canonique. (Je suis devenue fan d'Howard Ashman sur Facebook.)
Pour complaisant que la démarche initiale puisse être, ce documentaire dévoile des luttes de pouvoir, de personnalités, brillantes chacune dans leurs domaines respectifs. En toile de fond, et avec des figures comme John Lasseter et Tim Burton, on voit aussi émerger une nouvelle culture de l'animation Disney, celle de Pixar, de Toy Story, on voit également les logiques à l'œuvre dans la création de Dreamworks. Bref, plus qu'une genèse des films de notre enfance, c'est véritablement le fonctionnement d'une machine et ses dynamiques qui est en œuvre, et cela permet une relecture indispensable de cette période des studios Disney.