Walker n'est pas seulement un ovni, c'est aussi un test pour savoir si vous avez le sens du second degré. C'est aussi le seul film dont Joe Strummer a composé la musique. C'est un film apocalyptique qui avait dix voire vingt ans d'avance. C'est une oeuvre unique qui danse sur le fil du rasoir entre grotesque et sublime. C'est un film qui emmerde les penseurs-droits et qui ose raconter l'histoire vraie d'un fou furieux imbu de sa personne qui a réellement été président du Nicaragua pendant deux ans alors que tout le monde voulait le voir mort, y compris son pays d'origine, les USA. C'est l'histoire d'un taré de militaire ayant échappé au contrôle de ses maîtres, qui en avaient honte mais qui n'arrivaient pas à s'en débarrasser. C'est l'histoire d'un des meilleurs rôles d'Ed Harris, à mettre au même niveau que le Marlon Brando des Missouri Breaks. C'est le film surgonflé de délire qui a coûté sa carrière à Alex Cox. C'est un film qui osait commettre des anachronismes volontaires à une époque où c'était décrété inadmissible (huit ans plus tard, Richard Loncraine fera de même avec son Richard III, et il sera traité de "génie"). C'est la preuve absolue que Hollywood et la critique professionnelle ne sont qu'un ramassis de juges demeurés et injustes, qui crucifient qui bon leur semble afin de préserver les "valeurs" de leur "nation". C'est une allégorie enflammée de la déraison qui sous-tend toutes les guerres. C'est l'un des plus grands bides de l'histoire du cinéma, mais pas pour les bonnes raisons. Le plan où William Walker se fait exécuter est sublime.
Rappelez-vous: il n'y a que la vérité qui fâche. Et les professionnels du cinéma ricain n'ont jamais été aussi énervés que par ce film. Qu'en déduisez-vous sur son message ?
A revoir d'un oeil neuf.