A la fin du XIXe siècle, un aventurier américain, avec son groupe de mercenaires, est mandaté pour aller visiter le Nicaragua, mais au lieu de cela, il va provoquer un coup d'état et devenir le président, instaurant un régime comparable à de la dictature.
Walker est à ce titre un film particulier. Il faut se dire que si l'histoire est tirée de la réalité, William Walker a existé, le réalisateur Alex Cox a pris de grandes libertés, au point d'en être anachronique. Ainsi, il ne faut pas s'étonner d'y rencontrer des voitures, des mitraillettes, et même un hélicoptère : je ne m'explique pas vraiment ce choix, et si ça rebute des spectateurs, ce que je peux comprendre, ça apporte sans doute encore plus une part d'irréel dans l'histoire, à savoir un Américain qui contrôle un pays d'Amérique centrale, et il faut dire que Ed Harris y est formidable. Dans un look qui fait penser à celui qu'il incarnera trente ans plus tard dans la série Westworld, il est incroyable de beauté et de charisme dans cet homme qu'on pense raisonné, pondéré, mais qui va se révéler en fin de compte un véritable tyran, n'hésitant pas à exécuter ses propres hommes ou les habitants pour un oui ou un non.
Pour ajouter à cette part de vraisemblance, ou non, sa compagne qu'il va trouver au Nicaragua est montrée au départ comme étant quelqu'un de sourd, effectuant le langage des signes, mais au fil du temps, on va s'apercevoir qu'elle parle réellement, comme pour montrer l'enfermement dans lequel se terre peu à peu William Walker, qui ne comprend plus ses semblables pour être le seul dans son monde. Tout le film est cette déformation de la réalité, qui peut être perturbant, mais qui montre que le réalisateur Alex Cox a voulu proposer à travers cette histoire une variation très différente de L'homme qui voulut être roi, dans le sens où son personnage est montré clairement un comme un tyran, un dictateur, qui devient hors sol, à tel point que sa fin en sera pathétique.
La bizarrerie du film, très bien filmé d'ailleurs, emmènera Walker à être un énorme bide, et condamnera peu à peu le réalisateur à un purgatoire dont il ne se relèvera jamais vraiment, car excepté quelques films plus mineurs, il fera des épisodes de séries, et se reconvertira dans l'écriture, notamment un très bon livre sur le western spaghetti.
Mais cette folie douce reste tout de même à l'écran, et a totalement pris sur moi, car au moins, il a osé.