Et si "Wall-E" était tout simplement un film parfait ? D'abord, un grand film politique, pointant avec légèreté mais lucidité les plus grands défis de notre époque, un brûlot quand même assez inattendu contre les "mauvais penchants" de l'Amérique : on listera, au delà de l'évidence écologique (les déchets plus hauts que les gratte-ciels), la préoccupation quant à la malbouffe ("... in a cup"), l'addiction aux écrans, barrage ininterrompu à la réalité - alors que la beauté est là, partout -, la merchandisation ultime des fonctions vitales, la prise de contrôle de l'état par le capital et le commerce global (le CEO de "Buy & Large" présidant de manière ambiguë au destin de l'Amérique), et bien sûr l'infantilisation progressive de l'Occident caressé dans le sens du poil par la société des loisirs. Plus important encore, "Wall-E" est un grand film "esthétique", conjuguant le langage éternel du cinéma des origines (ces fameuses premières 30 minutes quasi muettes) avec la syntaxe kubrickienne, et magnifiant le tout par la technologie "Pixar". Au final, on retiendra peut-être encore plus que "Wall-E" est un grand film émotionnel et magique, avec son histoire d'amour réellement enchantée, réussissant à créer une forme de nostalgie inédite, puisque c'est une nostalgie de notre présent qui n'a pas encore disparu, des valeurs irrémédiablement condamnées (?) de notre civilisation. Un rêve de film dont de nombreuses visions n'épuisent pas la richesse. [Critique écrite en 2008]