Humains virtuels et âmes-robots...
Wall-e, c'est de la magie en boîte de métal avec de la critique de société dedans.
Dans un futur imaginaire (?!) où l'homme a tellement pourri la planète qu'il a dû s’exiler dans les étoiles, des petits robots collectent des déchets, les compactent en cubes qu'ils empilent en tours aussi hautes que des grattes-ciel. Wall-e est le dernier représentant sur Terre de ce modèle de robots. Tous les autres sont tombés en panne. A force d’expérience, ce petit robot a acquis une âme et collectionne des objets incongrus. Un jour, un modèle très perfectionné vient des étoiles pour mener une mission de recherche de la vie...
Cet animé propose un travail d'une qualité vraiment supérieure aux standards habituels. Les effets sont léchés, soignés comme souvent chez Pixar. L'animation est formidable et parvient à insuffler à des robots ce petit supplément d'âme qui les rend tellement attachants, davantage même que bien des personnages humains dans d'autres animés.
Ce qui est plus étonnant en revanche de la part d'une grosse boîte U.S. de divertissement, c'est la critique acerbe dont le mode vie des humains (comprenez les habitants des pays occidentaux aisés) fait l'objet.
Dès le début du film, le petit robot roule sur des déchets et certains d'entre eux sont des billets verts, quintessence de la réussite et de l'objectif final d'une vie pour nombre d’américains (pas que d’ailleurs). D'un simple passage de chenille nonchalant, Wall-e ramène ces symboles du pouvoir d'achat à ce qu'ils sont réellement, des déchets de papier encrés.
Mais cette critique va plus loin. Elle montre une Terre devenue quasi stérile et des humains qui vivent à bord d'un "vaisseau du bien-être" (on se croirait à Disneyland). Celui-ci pourvoit à ce que la société qui a conçu le vaisseau pense être le meilleur pour les passagers (on voit les enfants qui apprennent, via l'entreprise fournisseur, ce qui est bon à manger pour eux - toute ressemblance avec ce qui se passe aux USA est sans doute purement fortuite). Une armada de robots (excellents de diversité d'ailleurs) se tient d'ailleurs au service de ces êtres devenus complètement dépendants de la technologie qui les entoure. Ils sont obèses (les sodas et la pizza comme seuls apports nutritionnels font des miracles !), ne se servent plus de leurs membres inférieurs (ils ne font pas d'exercice non plus), communiquent uniquement par le truchement de leurs interfaces virtuelles, suivent les trajets décidés pour eux par les machines. "Ne pensez plus bonnes gens, on le fait pour vous" (le capitaine du vaisseau est d'ailleurs juste là pour vérifier que rien ne change et lire des messages publicitaires).
Cet animé, déjà d'actualité lors de sa sortie, s'avère quasi prophétique, tant les phénomènes mis en exergue s'amplifient avec le temps qui passe.
Reste l'espoir. C'est le message positif du film. Celui de la foi en la capacité de rebondir de la part d'une humanité moribonde qui court à sa perte en fermant les yeux au fur et à mesure que le mur s'approche.
C'est la question philosophique du film : l'être humain saura t-il s'adapter aux défis qui l'attendent ?
Personnellement dubitatif quant à cette capacité de l'Homme à sortir de sa léthargie, le film offre l'espoir, après avoir apporté le diagnostic de façon très synthétique, d'une rédemption salvatrice. C'est très beau et on a envie d'y croire.