Wall-E
7.7
Wall-E

Long-métrage d'animation de Andrew Stanton (2008)

Le dernier espoir de l'humanité n'est pas humain...

Voici déjà 700 ans que les humains ont quitté la Terre, devenue invivable à cause d’une excessive pollution, laissant derrière eux une armée de robots nettoyeurs. Mais les efforts de ces derniers n’ont pas eu raison de la pollution, et l’exil des humains dans l’espace s’éternise, à tel point que l’homme a complètement oublié la Terre. Il reste pourtant sur cette planète un dernier robot qui ne s’est pas encore déconnecté, WALL-E. Seul, il continue de faire son travail inlassablement… Jusqu’au jour où EVE, un robot envoyé en mission pour voir si la vie sur Terre est à nouveau envisageable. Une grande histoire d’amour commence pour WALL-E, mais les choses vont se précipiter lorsqu’il fait découvrir à EVE une plante verte trouvée récemment, prouvant à son insu que les humains peuvent revenir sur Terre…


Une histoire d’amour quasi-muette entre deux robots, un récit écologiste, une énième critique de la société de consommation… A priori, WALL-E a tout pour faire fuir un spectateur normalement constitué. Pourtant, la présence des studios Pixar à la production et du réalisateur de l’excellent Monde de Nemo à la réalisation intrigue. Les studios Pixar nous ont en effet habitués à des films intelligents, à mille lieues des morales à la guimauve qu’on peut trouver ailleurs. Et WALL-E ne fait pas exception à la règle.
Sur la forme, les studios à la lampe nous montre qu’ils n’ont rien à envier à leurs concurrents. Visuellement splendide (surtout lors des scènes dans l’espace), le film de Stanton ne l’est pas au détriment de ses personnages, et on s’attache à ces derniers sans trop de problèmes, d’autant que les animateurs parviennent à donner des émotions à des robots dénués d’âme, de manière magistrale. Le plus fort est sans doute qu’on s’attache également aux personnages humains, pourtant présentés comme des personnes obèses se déplaçant constamment sur coussin d’air, que leur mode de vie et leur consommation toujours plus accrue ont enfermées dans un individualisme poussé à l’extrême. Constat d’apparence peut-être naïve, mais bien trop lucide et décrit ici de manière intelligente et efficace pour qu’on puisse se permettre de passer à côté.
A la manière du Meilleur des Mondes d’Huxley, dont on pourrait presque croire que Pixar cherche à en faire une transposition adressée aux enfants (donc dénuée de tout son aspect sexuel), le film nous montre comment un système démocratique poussé à l’extrême peut finir en "totalitarisme doux" (si on me permet d’employer cet oxymore), l’un et l’autre bannissant chacun à sa manière l’individu du système. Car c’est d’abord l’homme qui est au centre de cette histoire de robots, et c’est ce qui permet à Pixar de nous proposer un écologisme intelligent, pour autant qu’il soit encore possible aujourd’hui d’accoler ces deux termes sans basculer dans le ridicule. Car si le film prend fait et cause pour la défense de l’environnement, il n’oublie pas de replacer l’homme au centre, montrant bien que, si l’homme n’est rien sans la nature, la nature n’est rien sans l’homme non plus.
Dès lors, c’est avec un plaisir sans bornes qu’on assiste au spectacle de ces hommes désincarnés, de ces hommes qui ont oublié de vivre, ou en tous cas, de vivre avec leur âme, qui découvrent la Terre et la vie en-dehors de leur vaisseau. Cela donne lieu à des scènes poétiques inoubliables (John et Mary contemplant la danse d’EVE et WALL-E dans l’espace) ou profondément touchantes (le commandant du vaisseau qui découvre les notions de terre, d’agriculture, de danses, de bals populaires, et même de pizzas…), en tous cas extrêmement intelligentes, d’autant que l’on n’est jamais porté à faire un procès à ces hommes du futurs, car ils s’avèrent plus victimes que coupables. Une absence de manichéisme qui est vraiment la caractéristique de Pixar, et qui permet de goûter avec plaisir un divertissement familial aussi drôle et poétique qu’intelligent.

Tonto
8
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le 28 déc. 2016

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Tonto

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