Aardman s’empâte, sans être manchot

Vengeance Most Fowl me dérange. Il semble symptomatique de la lente descente dans l’oubli du studio Aardman, dont la dernière véritable réussite à mes yeux date d’il y a dix ans déjà, avec Shaun the Sheep. Une déliquescence que la sortie coup sur coup de Chicken Run : Dawn of the Nugget en 2023 et de ce film-ci sur Netflix semble enfoncer, reléguant les productions du studio à des produits de seconde zone qui ne méritent plus de trouver leur public en salle.

Et pourtant j’allais fleur au fusil dans ces nouvelles aventures de Wallace et Gromit. Un univers so british, cosy, qui sent bon la naphtaline nostalgique. Mais qui dit naphtaline dit risque d’encroûtage, et c’est bien cette ornière qui porte préjudice au film. Car tout ce qu’il nous présente, nous l’avons déjà vu à un moment ou un autre dans le corpus du studio britannique. Les inventions farfelues sont les mêmes, l’humour gentiment benêt habituel perd de sa causticité, tandis que la plus grande réussite de l’oeuvre, son étrange et inquiétant pingouin psychopathe, ne fait que rappeler la figure du court-métrage originel ou le chien taulard de Shaun the Sheep. Il n’y a pas de renouvellement, Nick Park se reposant sur ses acquis, et ce même jusque dans le scénario qui ne fait que revisiter des scènes du passé, sans jamais surprendre.

Mais malgré tout cela, j’ai tout de même pu apprécier quelques éléments de cette proposition embourbée dans son héritage. Il est bien difficile d’être hermétique au savoir-faire artisanal de la stop motion en pâte à modeler, toujours doté d’un charme singulier. De même que la mise en relation de cette texture meuble avec l’immatériel de l’intelligence artificielle est plutôt astucieuse dans son discours, et que certaines saillies humoristiques sont efficaces.

Non, le dernier né de Aardman n’est pas honteux, tout juste un poil paresseux. Mais le prochain projet, d’inspiration Bollywoodienne et à priori détaché de l’usine inconséquentielle des plateformes, laisse luire l’espoir d’un regain de forme à l’horizon, alors je m'accroche à ça.