Walter Hus est un musicien "arty" (traduction : il est gentiment zinzin, et fait de l'art contemporain qui ne parlera pas à la majorité des gens), qui a relié des aspirateurs à un orgue et a automatisé les instruments de musique de son orchestre. Entendre ce David Lynch de la musique est une expérience qu'on n'oublie pas, dans le bon comme le mauvais sens. On a bien aimé ses anecdotes sur ses débuts (lorsqu'il pose des Bibles sur le clavier de l'orgue pour le pousser à fond, et que le curé n'est pas content...), on sourit face à l'hystérie du bonhomme (il échappe à la réalité dès que la musique commence), on essaie de se persuader que ce qu'on pense être un brouhaha (subjectivement : passez-nous les bouchons Quies) trouvera un jour son public. On dit bien "trouvera" au futur, car on le remarque immédiatement dans le documentaire : le public filmé lors du concert final a la même sensibilité que nous à cette forme d'art... Il aurait peut-être fallu retourner les scènes, choisir un autre concert, car ici on voit des gens qui ont un regard perdu, se retiennent de rire, parlent entre eux, et même l'homme assis juste derrière le compositeur se met à bailler copieusement. Tandis que l'on nous demande de croire à l'innovation de cet art décalé, on nous présente un public qui est blasé ou moqueur. Dans un autre style de contradiction, on a tiqué sur le discours du compositeur qui loue la musique comme le symbole "humain" de l'art, comme un moyen d'expression humain...en ayant inventé l'orchestre automatique sans un seul gugusse. Voyez-vous l'ironie ? Mais même si l'on n'a pas adhéré à ce documentaire, on ne peut pas totalement dire que l'on a perdu notre temps, ayant découvert un artiste en marge de la majorité des productions actuelles, un peu foufou, et qui intéressera certainement un public-cible (pas celui filmé, en tout cas).