Bonne surprise que ce ninkyo hybride, que l'on aurait tort de réserver aux seuls fans désireux de compléter la filmographie de la belle Meiko Kaji. En 1971, Kaji quitte la Nikkatsu qui vient de prendre un virage franchement soft-core auquel l'actrice n'adhère pas. Elle tourne sous la réalisation de Kazuhiko Yamaguchi son premier film avec son nouveau studio, la Toei, juste avant ses succès les plus connus comme la série Female Prisoner Scorpion (1972-1973), Lady Snowblood (1973-1974) ou quelques Fukasaku dans lesquels elle occupera plutôt des rôles de second plan.

Alors certes, Yamaguchi n'est pas le plus grand nom du studio mais il vient de réaliser une série qui a eu un certain succès, Delinquent Girl Boss, dans un genre qui montre des femmes modernes, indépendantes et fortes. Ce Wandering Ginza Butterfly prend le même chemin. Le film ouvre sur une scène au sein d'une prison pour femmes. Déjà le charisme de Kaji, alias "Nami le Papillon de Ginza", crève l'écran. On la retrouve une fois libérée, dans son ancien quartier de Ginza, où pullulent les bars à hôtesses, les petits macs et les yakuzas véreux dont on apprend qu'ils sont devenus de vulgaires voyous vivant de l'usure. Nami devient hôtesse à son tour mais son club est menacé par un yakuza sans foi ni honneur, Owada. L'antagonisme entre les deux conduira à l'inévitable duel final.

Originalité, au lieu de régler leurs comptes aux cartes comme c'est la norme dans ce genre de film (bien qu'il y ait une scène de karuda à un moment), c'est ici au billard que l'avenir du club se joue, dans une emblématique partie opposant Nami au crew d'Owada.

Il est évident que Kaji éblouit le film par sa présence, tantôt légère et souriante, très humaine, tantôt sérieuse et froide se transformant en machine à tuer comme dans Lady Snowblood ou dans le rôle de Sasori. Ce qui contraste avec le jeu des autres acteurs (notamment les méchants) particulièrement stéréotypé. Mais il ne faudrait pas le limiter à cela. La photographie est intéressante et offre des plans superbes sur la transformation du quartier de Ginza, avec son shinkansen traversant l'écran (c'est une constante dans les films de cette époque qui suit l'inauguration du premier TGV dans le monde, dont les Japonais n'étaient pas peu fiers) et surtout ses néons qui éclairent la nuit, permettant de beaux cadrages et plans nocturnes. La scène finale réserve un affrontement au sabre et verra le kimono de Nami tâché de giclées de sang, ce qui ne devrait pas déplaire aux fans de Lady Snowblood. Format court, 1h27 à peine, il n'y a vraiment pas beaucoup de superflu et l'on passe un très bon moment devant ce film de genre qu'il ne faudrait pas trop rapidement snober.

Yushima
7
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le 9 nov. 2024

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