L’opération Démolition Man du Commando Wanted (je dévoile le film)

Wanted raconte l’histoire d’un type - ombre parmi des milliers d’autres ombres - qui prend pour maladie un très grand pouvoir. A partir de cela, un maigre scénario à l’architecture complètement balisée se déroule sous nos yeux :
1 - description enlaidie d’un personnage misérable, donc une caricature peu flatteuse du spectateur
2 - bascule dans un tout autre univers hardcore et déjanté, c’est-à-dire, le contraire complet de ce qu’il est dans la réalité.
2.1 – Avec une partie réservée à l’initiation
2.2 – Une autre partie réservée au tout est possible surtout des challenges fous !!
3 – Le doute s’installe suivi immédiatement de…
4 – La fin de tout, plus rien n’est possible et donc résolution partielle de l’intrigue
5 – le héros se reprend et finit l’histoire ; le héros devient alors le héros car il décide de tout ce qu'il faut faire, alors que jusqu’à présent, il suivait. Fin du film.

Dans toute cette intrigue, on ne voit que du divertissement explosif, très excessif et on s’y attendait. C’est plutôt bien fait d’ailleurs et assez amusant. Une histoire abracadabrante faite de métier à tisser, de super capacité physique et de balle à la trajectoire courbe. Rien de bien exceptionnel. Des supers capacités physiques, il y a beaucoup de Jason Bourne qui en ont et de l’excessif dans les scènes d’action, nous en avons de plus en plus depuis au moins Commando ou autres Rambo. La scène de tuerie dans la filature est tout à fait comparable à la scène de Commando sur l’île. Rien à critiquer à ce niveau. Le film est bien fait, très divertissant et le rythme est bon.
Là où ça pêche franchement, c’est dans le discours et la cohérence du scénario.

1 - Fox affirme qu’il est bien de tuer quelqu’un parce qu’il peut devenir lui-même un assassin directement ou indirectement. Donc le mot d’ordre est quand même de buter toute personne sans nuance qui démontre un caractère agressif et cela sans analyse de la situation. Ca s’appelle le Chaos. En même temps, un film comme « La Stratégie Ender » véhicule un principe moral tout aussi douteux mais bien plus scandaleux tellement il fait échos aux propos du président Obama en ce qui concerne la guerre totale qu’il mène contre le monde Islamique.

2 – La confrérie explique que le but de sa guilde d’assassins et de tuer la personne désignée par le métier à tisser magique, pour un vague truc d’équilibre. Ok, mais dans le film, le personnage principal a certes tué Crossed, mais il a tué une bonne centaine de personnes en même temps dont un camarade de la confrérie. Dans l’entraînement de notre personnage, on lui apprend la destruction massive pas l’élégance d’un meurtre ciblé. A quoi ça sert de s’emmerder à développer des capacités physiques extraordinaires et des tires courbés de balle si au fond un « human bomber » en sandalette peut parfaitement faire l’affaire.

3 – Le métier à tisser ne sert à rien, car au fond le boss est capable à lui seul de maintenir un équilibre mondial en définissant lui-même des cibles. Certes on peut penser qu’il mélange à la fois ce qu’il veut à ce qu’il obtient du métier à tisser, mais ça ne forme pas plus un quelconque équilibre.

4 – L’idée de Crossed : pourquoi n’avoir pas fait directement comme le héros du film ? Dire la vérité aux autres. Apparemment, le personnage principal n’est pas meilleur que Crossed lui-même alors pourquoi cette sorte de stratégie de l’attentisme histoire d’être sûr que le personnage principal se retrouve dans une situation problématique que Crossed ne souhaitait pas ? Quand on veut sauver quelqu’un on prend les devants, on n’attend pas que le drame arrive.

5 – A la fin du film, résolution finale – et donc j’annonce ici que je dévoile la fin – le boss de la confrérie avoue qu’en effet, il ment et produit lui-même ses propres cibles. Du coup, pour se défendre, le boss déclare que toute l’équipe a été désignée pour cible par la tisseuse magique et qu'il les a seulement protégés comme ferait n'importe qu'elle papa. Là, il y a sacrifice grandiloquent. Le personnage principal dit que le boss est un menteur, le boss déclare quelque chose et tout le monde le croit. S’en suit une scène d’avant finale absurde.

Bref, le film passe à côté de ce qu’il aurait dû être, c’est-à-dire, un bon film excessif à souhait de divertissement avec un maigre scénario bien noué. Le scénario n'est pas plus épais, mais quand même personne n’a travaillé dessus, même pour le relire.

C'est un peu du gâchis tout de même